Etudiantes à Pondicherry |
Voilà, cela devait
arriver, je vis à l’heure indienne ! Demain sera un autre jour, rien ne sert de
courir, etc. et de semaine en semaine, le temps s'écoule et me manque pour
écrire ! Je viens de réaliser que mon dernier billet date du 21 janvier, déjà
quatre mois ! Non pas que je sois gagnée par le fatalisme indien qui prévoit de
ne faire aucun plan sur la comète car j’ai, au contraire, plusieurs sujets en
préparation mais aucun n'a réussi à dépasser le stade du brouillon. Pas facile
d'écrire au même rythme que ses pensées au pays du paradoxe.
Avant de reprendre ces
articles, je voulais vous parler d'un sujet d'actualité à Chennai en ce moment.
Les mois de mai et de juin sont les mois des voyages de reconnaissance pour les
futurs expatriés. Je me souviens du mien en juin 2011 alors que toutes les
familles francophones étaient déjà reparties pour l’été. Je dois dire que ce
premier contact avec l'Inde ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.
J'ai eu toutefois la
chance de pouvoir rencontrer deux personnes grâce au réseau d'expatriés qui
existe partout dans le monde. La petite journée que m'a consacrée P., que je
n'avais jamais rencontrée auparavant a été très importante pour moi. Depuis
cette personne est devenue mon amie. Avec la deuxième personne, B., nous avions
en commun une première expatriation de quatre années. C'était très sympa de la
retrouver.
L'expatriation peut créer
des liens indicibles entre deux personnes. Ce sont souvent des amitiés
éternelles peut-être parce que ce sont des amitiés solidaires, même si parfois
on ne se revoit jamais.
Ma petite vendeuse de perles qui va se marier |
Elle, je ne la connais pas ! venue aussi acheter des perles ? |
Cet article s'adresse plus
particulièrement aux femmes, aux conjointes qui ont suivi l'Homme, avec ou sans
enfants, sur cette étrange planète (mille excuses pour les hommes
accompagnateurs, la majorité féminine l'emporte cette fois, je rédige mon
article au féminin).
Il y aurait tant à dire…
Je ne vais pas pousser le coup de gueule que pourraient exprimer les ¾ des
femmes d’expats et aller dans les détails. Après tout, de quoi se
plaint-on ? Nous sommes au soleil avec maison et piscine (pour celles qui
vivent sur ECR) et nous vivons une expérience unique… Et n’oublions pas nous
avons accepté de venir.
Voyons, comment cela
pourrait commencer (ce récit n’est nullement presque autobiographique mais a
forcément des liens avec la réalité !). Imaginons un scénario, il y en a une multitude. Un soir, un soir banal, un soir où IL est rentré un peu
plus tôt, avec un air bizarre. Entre la salade et le fromage, il lâche la bombe
devant la tablée familiale :
- "On m'a proposé une
expatriation à Chennai et je dois donner la réponse rapidement".
Vous savez déjà, à la
petite lueur d'excitation qui brille dans ses yeux, que sa réponse, lui, il la
connait !
- "Ah oui, et
rapidement c'est quand ?"
- "Lundi !".
Nous sommes vendredi
soir...
La surprise passée, les
questions et les commentaires fusent.
- "Et puis d'abord,
c'est où Chennai ?".
- "C'est en Inde,
c'est anciennement Madras".
- "Madras, ce n'est
pas plutôt aux Antilles ? "
Du côté des enfants, les
réactions seront variées.
De l'ado en pleine crise
d'adolescence qui trouve tout nul (y compris et surtout vous), montant dans sa chambre et
claquant sa porte en hurlant :
- "Sans moi ! Hors de
question que je quitte mes potes !"
A l’ado résigné (à qui on
demande ce qu’il en pense) répondant :
- " De toute
façon, je n’ai pas le choix ! "
Au plus jeune, replongeant
sa cuillère dans son yaourt, rassuré parce qu’il pourra emmener sa x-box dans
sa valise.
En passant par le tout-petit,
suçant son pouce, vous regardant avec des yeux plein d’amour :
- " Moi, je vais
avec maman et papa ! "
Et ceux qui ne comprennent
pas ce qui va leur arriver…
TOUS, à cet instant, ne le
savent pas encore mais ils vont vivre l’Aventure avec un grand A.
Et vous, votre cerveau
s’est déjà mis en mode "computer" : l'école des enfants, la sécurité
dans le pays, la famille, les amis, le déménagement, le logement, etc... Et pour certaines, une méchante sueur froide…
- « Mon job ? Je vais
devoir quitter mon job ! Mais je pourrais peut-être travailler en Inde
? ».
Alors vous posez la
question fatidique :
- "Et moi, je vais
faire quoi ? "
Implacable, l'Homme ne
vous laisse aucune illusion, on l'a déjà prévenu, pas de boulot pour vous, vous
serez femme d’expat… En voyant, votre air plus que dépité, il susurrera
peut-être :
- " Ma chérie,
pour moi, c’est une formidable opportunité, et patati, et patata… Et il y
a beaucoup à faire en Inde dans les associations caritatives, tu pourras
t’occuper".
Ou bien :
- "Ma chérie, cela va
te permettre de faire un break et puis c’est bien pour les enfants, tu vas pouvoir
t’occuper d’eux ".
Petit aparté
personnel : De notre côté, nous étions ravis de « repartir »,
notre première expatriation à Séoul nous avait comblée et nous avons encore des
trémolos dans la voix quand nous l’évoquons. Comme je le dis souvent, "une
expatriation ne se refuse pas" (sauf cas exceptionnels).
Nous allons imaginer que
vous avez dit oui ! Welcome to India !
Si c'est la première fois
que vous partez, vous allez suivre le long cheminement de la préparation, avec
beaucoup de décisions à prendre et des choix à faire. Il y a des choses que
vous maitriserez et d'autres qui vous échapperont. C'est normal !
Les habituées savent déjà...
Très vite vous allez taper
fébrilement sur les touches de votre ordinateur, les mots-clés Chennai -
accueil - école française - ambassade, etc... Et merci Internet, vous allez
trouver une multitude d'infos. Vous arriverez peut-être sur mon blog ou bien
sur le site de Chennai Accueil.
Quand on arrive dans un
pays où il n'existe pas vraiment d'accueil organisé, il faut aller à la pêche
aux renseignements et se fabriquer son tissu social.
Certains vous diront que
c'est mieux comme cela et que c'est à chacun de "mériter" son
adaptation, sa place dans ce nouveau monde. Bizutage indispensable.
D'autres, au contraire,
pensent que sans accueil, ce sera invivable.
Dans tous les cas, même si
l'accueil existe, ce sera à vous de faire l’effort d’aller vers les autres si
les autres ne viennent pas à vous.
Avez-vous remarqué que
nous ne sommes pas toutes faites dans la même veine ?
Il y a les solitaires,
celles qui n'ont besoin de personne. Il y a les communicantes, celles qui ont
besoin de créer des liens sociaux très rapidement.
Il y a les fortes. Il y a
les fragiles.
Il y a les entreprenantes.
Il y a celles qui suivent le mouvement.
Il y a celles qui savent
tout sur tout. Il y a celles qui posent des questions.
Il y a celles qui parlent
et qui n'écoutent pas. Il y a celles qui écoutent mais qui ne parlent pas. Il y
a celles qui échangent.
Il y a celles qui aiment
partager tout, leur adresses, leurs recettes.
Il y a celles qui vont
vers les autres. Il y a celles qui attendent que l'on vienne vers elles.
Il y a celles qui
regrettent d'avoir abandonné leur carrière. Il y a celles qui le clament haut
et fort et celles qui se taisent.
Il y a celles qui sont
bien contentes de faire un break.
... Et j'en passe...
Et si l'adaptation ne
tenait qu'à ça ! Différente parce que
nous sommes différentes.
Au final, ne sommes-nous
pas toutes embarquées dans le même bateau et certains jours dans la même galère
? La devise de la femme d’expat pourrait être : « J’ai besoin de toi,
tu as besoin de moi ».
Et si je pense qu'un peu
d'aventure ne fait pas de mal et fournit de la matière à raconter à famille et
amis dans son blog, je pense que l'on peut organiser un accueil sans priver qui
que ce soit de faire ses propres découvertes. Vous avez le choix de l'utiliser
un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ! C'est aussi simple !
La vie en Inde est passionnante
mais parfois difficile pour nous occidentaux. Je l'ai déjà exprimé, le choc culturel
peut être violent. Personnellement, il ne me semble pas utile d'y ajouter la
difficulté de trouver de quoi se nourrir, comment se loger, trouver ses
rideaux, sa vaisselle et obtenir les conseils de base afin que votre vie ne devienne
pas un cauchemar.
Dans une association, c’est
plus rapide de trouver une ou deux bonnes copines qui vous donneront les bonnes
adresses et vous aideront à faire vos premiers pas dans cette ville.
Bien sûr, c'est assez
facile si vous avez des jeunes enfants. Comme partout dans le monde, ils sont
vecteurs de liens et les écoles sont des viviers de rencontres. Le campus de
l'école américaine, par exemple, est ouvert aux parents toute la journée,
samedi y compris. C’est bien utile au début pour faire des connaissances, avoir
des conseils, partager vos expériences ou craintes au sujet des enfants. Très
rassurant surtout au début mais dans la durée, cela paraitra un peu sclérosant
pour certaines.
Si vous n'avez pas
d'enfants, c'est là que l'association d'accueil prend toute sa mesure et est
presque indispensable. Sauf cas très exceptionnel ou parce que vous avez fait
vœu de solitude et de silence, ne restez pas seule ! N’attendez pas que le
dernier carton de déménagement soit rangé. N’attendez pas que votre maison
fonctionne parfaitement (ça n’existe pas en Inde). N’attendez pas les plombiers
en retard (car ils ne viendront pas). N’attendez pas que l’on vienne vous
chercher à votre porte.
Contactez les associations
en place ou bien la personne dont on vous a donné le numéro !
Bon vous l’aviez deviné, c’était
pour faire de la pub pour notre association. Surfez sur le site www.Chennaiaccueil.comwww.chennaiaccueil.com, sur lequel,
petit à petit, les informations s'empilent grâce aux membres bénévoles de notre
équipe qui mettent à votre disposition leurs expériences, sans autre prétention
que de vous faciliter la vie.
Si vous êtes arrivés par
hasard sur ce blog, n'hésitez pas à me contacter.
Sinon, tout va presque bien, nous n'avons plus d'eau depuis deux jours, la nappe phréatique dans laquelle nous puisons notre eau quotidienne pour les usages courants s'est tarie. A l'heure où je vous parle, 6 ouvriers, 1 technicien, 1 ingénieur en chef, mon gardien jardinier sous la férule de Jayanthi, promue depuis pas mal de temps, manager, œuvrent pour nous. Ils creusent un autre trou profond pour retrouver une autre nappe. Je ne sais pas à combien de trous, il va falloir que je m'inquiète. D'ici que notre magnifique jardin devienne une taupinière ! En attendant, nous nous lavons à l'eau minérale, c'est très bon pour la peau. Incredible India !
A très bientôt.
A très bientôt.
Plage de Mamallapuram |
Mamallapuram, la 'motte de beurre' |
Kapaleeshwarar Temple - Mylapore Chennai |