Proverbe indien : Tout européen qui vient en Inde acquiert de la patience s'il n'en a pas et la perd s'il en a.


mercredi 22 mai 2013

Courage et Humour sont les deux mamelles des Desperates Houseexpats

Etudiantes à Pondicherry

Voilà, cela devait arriver, je vis à l’heure indienne ! Demain sera un autre jour, rien ne sert de courir, etc. et de semaine en semaine, le temps s'écoule et me manque pour écrire ! Je viens de réaliser que mon dernier billet date du 21 janvier, déjà quatre mois ! Non pas que je sois gagnée par le fatalisme indien qui prévoit de ne faire aucun plan sur la comète car j’ai, au contraire, plusieurs sujets en préparation mais aucun n'a réussi à dépasser le stade du brouillon. Pas facile d'écrire au même rythme que ses pensées au pays du paradoxe.

Avant de reprendre ces articles, je voulais vous parler d'un sujet d'actualité à Chennai en ce moment. Les mois de mai et de juin sont les mois des voyages de reconnaissance pour les futurs expatriés. Je me souviens du mien en juin 2011 alors que toutes les familles francophones étaient déjà reparties pour l’été. Je dois dire que ce premier contact avec l'Inde ne m'a pas laissé un souvenir impérissable.

J'ai eu toutefois la chance de pouvoir rencontrer deux personnes grâce au réseau d'expatriés qui existe partout dans le monde. La petite journée que m'a consacrée P., que je n'avais jamais rencontrée auparavant a été très importante pour moi. Depuis cette personne est devenue mon amie. Avec la deuxième personne, B., nous avions en commun une première expatriation de quatre années. C'était très sympa de la retrouver.
L'expatriation peut créer des liens indicibles entre deux personnes. Ce sont souvent des amitiés éternelles peut-être parce que ce sont des amitiés solidaires, même si parfois on ne se revoit jamais.


Ma petite vendeuse de perles qui va se marier


Elle, je ne la connais pas ! venue aussi acheter des perles ?


Cet article s'adresse plus particulièrement aux femmes, aux conjointes qui ont suivi l'Homme, avec ou sans enfants, sur cette étrange planète (mille excuses pour les hommes accompagnateurs, la majorité féminine l'emporte cette fois, je rédige mon article au féminin).

Il y aurait tant à dire… Je ne vais pas pousser le coup de gueule que pourraient exprimer les ¾ des femmes d’expats et aller dans les détails. Après tout, de quoi se plaint-on ? Nous sommes au soleil avec maison et piscine (pour celles qui vivent sur ECR) et nous vivons une expérience unique… Et n’oublions pas nous avons accepté de venir.

Voyons, comment cela pourrait commencer (ce récit n’est nullement presque autobiographique mais a forcément des liens avec la réalité !). Imaginons un scénario, il y en a une multitude. Un soir, un soir banal, un soir où IL est rentré un peu plus tôt, avec un air bizarre. Entre la salade et le fromage, il lâche la bombe devant la tablée familiale :
- "On m'a proposé une expatriation à Chennai et je dois donner la réponse rapidement".
Vous savez déjà, à la petite lueur d'excitation qui brille dans ses yeux, que sa réponse, lui, il la connait !
- "Ah oui, et rapidement c'est quand ?"
- "Lundi !".
Nous sommes vendredi soir...
La surprise passée, les questions et les commentaires fusent.
- "Et puis d'abord, c'est où Chennai ?".
- "C'est en Inde, c'est anciennement Madras".
- "Madras, ce n'est pas plutôt aux Antilles ? "

Du côté des enfants, les réactions seront variées.
De l'ado en pleine crise d'adolescence qui trouve tout nul (y compris et surtout vous), montant dans sa chambre et claquant sa porte en hurlant :
- "Sans moi ! Hors de question que je quitte mes potes !"
A l’ado résigné (à qui on demande ce qu’il en pense) répondant :
- " De toute façon, je n’ai pas le choix ! "
Au plus jeune, replongeant sa cuillère dans son yaourt, rassuré parce qu’il pourra emmener sa x-box dans sa valise.
En passant par le tout-petit, suçant son pouce, vous regardant avec des yeux plein d’amour :
- " Moi, je vais avec maman et papa ! " 
Et ceux qui ne comprennent pas ce qui va leur arriver…
TOUS, à cet instant, ne le savent pas encore mais ils vont vivre l’Aventure avec un grand A.

Et vous, votre cerveau s’est déjà mis en mode "computer" : l'école des enfants, la sécurité dans le pays, la famille, les amis, le déménagement, le logement, etc...  Et pour certaines, une méchante sueur froide…
- « Mon job ? Je vais devoir quitter mon job ! Mais je pourrais peut-être travailler en Inde ? ».
Alors vous posez la question fatidique :
- "Et moi, je vais faire quoi ? "

Implacable, l'Homme ne vous laisse aucune illusion, on l'a déjà prévenu, pas de boulot pour vous, vous serez femme d’expat… En voyant, votre air plus que dépité, il susurrera peut-être :
- " Ma chérie, pour moi, c’est une formidable opportunité, et patati, et patata… Et  il y a beaucoup à faire en Inde dans les associations caritatives, tu pourras t’occuper".
Ou bien :
- "Ma chérie, cela va te permettre de faire un break et puis c’est bien pour les enfants, tu vas pouvoir t’occuper d’eux ".

Petit aparté personnel : De notre côté, nous étions ravis de « repartir », notre première expatriation à Séoul nous avait comblée et nous avons encore des trémolos dans la voix quand nous l’évoquons. Comme je le dis souvent, "une expatriation ne se refuse pas" (sauf cas exceptionnels).

Nous allons imaginer que vous avez dit oui ! Welcome to India !





Si c'est la première fois que vous partez, vous allez suivre le long cheminement de la préparation, avec beaucoup de décisions à prendre et des choix à faire. Il y a des choses que vous maitriserez et d'autres qui vous échapperont. C'est normal !
Les habituées  savent déjà...

Très vite vous allez taper fébrilement sur les touches de votre ordinateur, les mots-clés Chennai - accueil - école française - ambassade, etc... Et merci Internet, vous allez trouver une multitude d'infos. Vous arriverez peut-être sur mon blog ou bien sur le site de Chennai Accueil.

Quand on arrive dans un pays où il n'existe pas vraiment d'accueil organisé, il faut aller à la pêche aux renseignements et se fabriquer son tissu social.
Certains vous diront que c'est mieux comme cela et que c'est à chacun de "mériter" son adaptation, sa place dans ce nouveau monde. Bizutage indispensable.
D'autres, au contraire, pensent que sans accueil, ce sera invivable.
Dans tous les cas, même si l'accueil existe, ce sera à vous de faire l’effort d’aller vers les autres si les autres ne viennent pas à vous.

Avez-vous remarqué que nous ne sommes pas toutes faites dans la même veine ?
Il y a les solitaires, celles qui n'ont besoin de personne. Il y a les communicantes, celles qui ont besoin de créer des liens sociaux très rapidement.
Il y a les fortes. Il y a les fragiles.
Il y a les entreprenantes. Il y a celles qui suivent le mouvement.
Il y a celles qui savent tout sur tout. Il y a celles qui posent des questions.
Il y a celles qui parlent et qui n'écoutent pas. Il y a celles qui écoutent mais qui ne parlent pas. Il y a celles qui échangent.
Il y a celles qui aiment partager tout, leur adresses, leurs recettes.
Il y a celles qui vont vers les autres. Il y a celles qui attendent que l'on vienne vers elles.
Il y a celles qui regrettent d'avoir abandonné leur carrière. Il y a celles qui le clament haut et fort et celles qui se taisent.
Il y a celles qui sont bien contentes de faire un break.
... Et j'en passe...

Et si l'adaptation ne tenait qu'à ça !  Différente parce que nous sommes différentes.
Au final, ne sommes-nous pas toutes embarquées dans le même bateau et certains jours dans la même galère ? La devise de la femme d’expat pourrait être : « J’ai besoin de toi, tu as besoin de moi ».

Et si je pense qu'un peu d'aventure ne fait pas de mal et fournit de la matière à raconter à famille et amis dans son blog, je pense que l'on peut organiser un accueil sans priver qui que ce soit de faire ses propres découvertes. Vous avez le choix de l'utiliser un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout ! C'est aussi simple !

La vie en Inde est passionnante mais parfois difficile pour nous occidentaux. Je l'ai déjà exprimé, le choc culturel peut être violent. Personnellement, il ne me semble pas utile d'y ajouter la difficulté de trouver de quoi se nourrir, comment se loger, trouver ses rideaux, sa vaisselle et obtenir les conseils de base afin que votre vie ne devienne pas un cauchemar.

Dans une association, c’est plus rapide de trouver une ou deux bonnes copines qui vous donneront les bonnes adresses et vous aideront à faire vos premiers pas dans cette ville.

Bien sûr, c'est assez facile si vous avez des jeunes enfants. Comme partout dans le monde, ils sont vecteurs de liens et les écoles sont des viviers de rencontres. Le campus de l'école américaine, par exemple, est ouvert aux parents toute la journée, samedi y compris. C’est bien utile au début pour faire des connaissances, avoir des conseils, partager vos expériences ou craintes au sujet des enfants. Très rassurant surtout au début mais dans la durée, cela paraitra un peu sclérosant pour certaines.

Si vous n'avez pas d'enfants, c'est là que l'association d'accueil prend toute sa mesure et est presque indispensable. Sauf cas très exceptionnel ou parce que vous avez fait vœu de solitude et de silence, ne restez pas seule ! N’attendez pas que le dernier carton de déménagement soit rangé. N’attendez pas que votre maison fonctionne parfaitement (ça n’existe pas en Inde). N’attendez pas les plombiers en retard (car ils ne viendront pas). N’attendez pas que l’on vienne vous chercher à votre porte.
Contactez les associations en place ou bien la personne dont on vous a donné le numéro !

Bon vous l’aviez deviné, c’était pour faire de la pub pour notre association. Surfez sur le site www.Chennaiaccueil.comwww.chennaiaccueil.com, sur lequel, petit à petit, les informations s'empilent grâce aux membres bénévoles de notre équipe qui mettent à votre disposition leurs expériences, sans autre prétention que de vous faciliter la vie.

Si vous êtes arrivés par hasard sur ce blog, n'hésitez pas à me contacter. 

Sinon, tout va presque bien, nous n'avons plus d'eau depuis deux jours, la nappe phréatique dans laquelle nous puisons notre eau quotidienne pour les usages courants s'est tarie. A l'heure où je vous parle, 6 ouvriers, 1 technicien, 1 ingénieur en chef, mon gardien jardinier sous la férule de Jayanthi, promue depuis pas mal de temps, manager, œuvrent pour nous. Ils creusent un autre trou profond pour retrouver une autre nappe. Je ne sais pas à combien de trous, il va falloir que je m'inquiète. D'ici que notre magnifique jardin devienne une taupinière ! En attendant, nous nous lavons à l'eau minérale, c'est très bon pour la peau. Incredible India !
A très bientôt.


Plage de Mamallapuram


Mamallapuram, la 'motte de beurre'






Kapaleeshwarar Temple - Mylapore Chennai