Proverbe indien : Tout européen qui vient en Inde acquiert de la patience s'il n'en a pas et la perd s'il en a.


dimanche 22 janvier 2012

Bad fatality et Happy Pongal


La qualité des photos de Good morning Chennai devrait s’améliorer dans les semaines à venir, je suis en stage photo et je découvre les fonctions de mon appareil... 

Visite au temple





 Dans la rue, l'eau à la pompe...


« Mam, le week-end prochain, c’est Pongal et je pars quatre jours dans mon village natal » m’a annoncé Mani, mon chauffeur, la semaine dernière.   
Ont suivi, Jahanthi, la maid - Murali, le chauffeur de JM - Sivakumar, le jardinier - le « swimming-pool man » - papy flingueur et le footballeur, les deux nouveaux gardiens en poste depuis le 1er janvier, tous nous ont dit qu’ils partaient fêter Pongal, la fête des moissons, avec leurs familles. 
Je me suis dit : "Enfin un peu de calme à la maison !"

Pongal, c’était donc du 14 au 17 janvier. J’avais demandé quelques explications à mon agence de renseignements habituelle. 
Mon agence de renseignements c'est mon chauffeur Mani et il est maintenant assisté de Jayanthi arrivée il y a 3 mois...  Elle l'appelle Brother Mani car il est plus âgé qu’elle. Des vrais pipelettes et au courant de tout. Très subtilement, ils me renseignent sur le comportement que je dois, que je devrais avoir en tant que "boss" vis à vis des personnes qui travaillent ici. J'ai découvert petit à petit, et à mes dépends, que la camaraderie n'est non seulement pas recommandée mais mal jugée par eux. Il faut toujours avoir l’air de savoir ce que l’on veut… Pas facile.
"Mam, aujourd'hui vous avez dit que je dois faire le repassage, le dîner de ce soir et laver les sols. Par quoi je dois commencer ? " me demande Jayanthi le matin.
Je lui réponds : "Vous faîtes comme vous voulez, cela m'est égal pourvu que tout soit fait".
"Non mam, vous dîtes, c'est vous qui décidez dans quel ordre je dois faire".

Je vous en parle souvent, probablement parce que c’est un problème pour moi, sept personnes travaillent ici… je sais, vous m'enviez et j’avoue, vu de l’extérieur, il y a de quoi mais si vous saviez le temps et l’énergie que cela nous prend pour gérer tout cette petite entreprise, vous y réfléchiriez à deux fois. 

Ce qui me semblait au départ une vie facile où tout ronronnait doucement n'était qu'illusion ! En fait, nous vivons sur le même terrain mais sur deux planètes différentes.

Nous remplissons tous les rôles : patron, chef d’équipe, RH recruteur, psychologue, médiateur, docteur, confident, banque (prêt sur deux ans pour l’achat d’une moto au chauffeur de JM), sécurité sociale (participation aux frais de soins), gestionnaire de maintenance (pour gérer le ballet de plombiers, électriciens et autres ouvriers… qui circulent presque chaque jour dans la maison) et comptable (paies, lettres d’embauche, voire de licenciement)…
Condition très importante, il faut que tout ce petit monde s’entende à merveille ! Les deux précédents gardiens ne plaisant pas au reste de la troupe, il a fallu changer (sans regret car ils étaient antipathiques). 

Et pour finir, composer avec le système des castes ou de sous-castes (parait-il aboli en 1948 après l’indépendance), qui décide qu’il est impossible à un indien hindou de s'élever plus haut que le niveau spirituel ou social dans lequel il est né. Dans les milieux éduqués et dans les villes, le système des castes tend à s'effacer, mais pas dans les campagnes où vit la majorité de la population, c’est le cas aussi à Chennai et je le ressens tous les jours.

Et la fameuse fatalité indienne, si détestable à mes yeux. Dixit le proverbe mis en tête de mon blog… je devais avoir un tant soit peu de patience car je l’ai carrément perdue !

J’essaie bien de comprendre cette culture où la fatalité qui impose que les plus faibles doivent subir le pouvoir des plus riches est normale. C’est toute la perversité du système des castes si utile aux plus riches : être pauvre est une fatalité contre laquelle on ne peut rien, se rebeller ne sert à rien et on doit respecter et admirer les riches. 
Les indiens pauvres vénèrent les indiens riches, car avec leur croyance en la réincarnation, s’ils respectent les règles des hiérarchies sociales et économiques et ne s’apitoient pas sur leur sort, ils sont en droit d'espérer une vie meilleure dans leur prochaine existence. Donc, il faut créer autant de karma positif lors de son vivant pour se réincarner dans une caste plus élevée dans une prochaine vie.
Selon la même logique, celui qui vit bien et occupe une position élevée mérite sa condition puisque pour y arriver, il a sûrement mené de bonnes vies antérieures. Il peut donc se permettre de mépriser les gens des basses castes et même considérer, en les maltraitant, que cela les aidera dans leur cheminement vers une meilleure prochaine incarnation. 
Cette croyance en la réincarnation leur permet de penser que rien n'est grave et d'accepter les événements tragiques. Ils ne pensent qu'au jour présent et ne se permettent pas une seule seconde de faire des projets d'avenir. Une exception peut-être, l'espoir qu'ils mettent dans l'avenir de leurs enfants. Jayanthi qui a 25 ans et élève seule ses deux enfants depuis que son mari l'a quittée, m'a dit l'autre jour :

"Mam, C'est très important pour moi que mes enfants aillent à l'école et qu'ils apprennent l'anglais. Je préfère me priver ou ne pas manger pour que mes enfants aient une bonne éducation pour avoir un bon métier plus tard."

Enfin, un peu d'espoir dans ce monde fataliste !

Paradoxalement, s’ils ne se rebellent pas contre les riches, les indiens pauvres sont souvent prêts à tout, sans complexe, lorsqu’il s’agit de pouvoir et d’ascension sociale dans leur propre milieu et vis-à-vis de leurs congénères de galère. Nous avons un exemple édifiant sur notre terrain en termes d’exploitation de son prochain, pour s’élever dans une future meilleure vie, notre ancien manager. 
Ce comportement me parait complètement injuste …  tous les moyens sont permis pour l'exploiteur et surtout acceptés par les exploités. 

Donc j’accepte certains comportements en râlant et j’essaie d’appliquer quelques-uns des miens en arguant que je suis étrangère et que c'est ma maison. Ils arrivent à comprendre que je ne comprends pas car je ne suis ni indienne, ni hindoue… En clair, je suis une ignorante… et on pardonne à l’ignorante, un peu comme on pardonne à la folle du village !

Aujourd’hui, on peut dire que tout fonctionne à peu près mais demain, nous ne savons pas… demain est un autre jour.

C'est Jayanthi qui n’a pas froid aux yeux et qui a osé me confier un matin, en décembre :
« Mam, big security man doesn’t want that gardener drink drinking water ».

Probablement encore une histoire de caste… le garde, pourtant arrivé après le jardinier, avait jugé que celui-ci n’était pas digne de boire de l’eau potable en bonbonne (fournie par nous). Le jardinier, depuis plusieurs jours buvait l’eau insalubre du puits ! Il a fallu faire de nouveau un meeting pour mettre les choses au point…qui se résume toujours de cette façon : 
« Dans notre maison, tout le monde est au même niveau, personne ne commande personne, tout le monde a les mêmes droits, tout le monde a le droit de boire de l’eau potable… "etc.  

Je me fais plaisir avec ce discours car ils ne le comprennent pas... il suffirait simplement de donner "l'ordre" : "Je veux que tout le monde boive de l'eau potable"
Argumenter en leur expliquant la notion d'égalité de droits entre eux ne sert à rien s'ils ne sont pas au même niveau dans la hiérarchie des castes, mais cela m'a fait du bien à moi ! 

Pongal, c’est le nouvel an indien et on remercie la nature pour les bonnes récoltes, les moissons fructueuses, ce qui donne lieu à un festival et beaucoup de festivités. Pour cette occasion, les indiens retournent dans leur « native place" pour quatre jours.
On achète de nouveaux vêtements, les femmes préparent des plats traditionnels, on mange de la canne à sucre et on décore le devant des maisons avec des kolams.

Mais que veut dire Pongal… en tamoul, cela veut dire littéralement « bouilli par-dessus », c’est le nom de la préparation à base de riz, de lait et de sucre.
Quatre jours de fête… Le premier jour est fêté en famille en l’honneur du Dieu Indra (dieux des nuages qui donnent bien sûr la pluie), les vieux tissus et vieux vêtements sont jetés, voire brûlés pour marquer le début d'une nouvelle vie. Bon, ils m'ont avoué, ils ne jettent pas tout mais tout le monde a le droit à une tenue neuve et les maisons sont nettoyées de fond en comble.

Le deuxième jour, c’est le jour du Pongal. On met à bouillir du riz avec du lait frais et de la mélasse ou du sucre brun, tôt le matin, en laissant le mélange déborder. On prépare des en-cas et des desserts, on se rend visite et on échange des vœux. 

Le troisième jour, Mattu Pongal, est destiné à rendre grâce aux vaches et aux buffles.  On les lave et on leur décore les cornes (ce qui ne doit pas être une mince affaire vu le nombre de vaches errantes dans les rues).
J’ai cherché plus de détails sur internet : la légende dit que le bétail accepta d'aider l'homme à labourer les champs, à la seule condition d'être fêté et honoré une fois par an.









 

Nous ne sommes plus en campagne électorale à proprement parlé mais les affiches des différents partis politiques fleurissent tous les jours dans les rues de la ville… On ne laisse pas les électeurs sans nouvelles, c’est un combat permanent. En photo, la Chief minister du Tamil Nadu, Jayalalitha du parti majoritaire. Jayanthi, la maid, m'a dit qu'elle avait la télévision chez elle. Je lui ai rétorqué que ce devait être un achat couteux pour elle. Elle m'a répondu
qu'elle lui avait été offerte par Jayalalitha en échange de sa voix lors des élections.





Le dernier jour, Kanum Pongal  est le jour où les indiens sortent en famille dans les parcs ou se rendent visite.

L’ambiance était donc festive le vendredi dernier avant leur départ. C’est une des deux fois dans l’année qu’ils prennent quatre jours de vacances pour se rendre dans leur village. On le serait à moins ! L’autre occasion est pour Diwali.



Jayanthi nous a proposé de fêter Pongal avec nous pour nous initier à la tradition indienne. Aidée de Sivakumar, elle a dessiné des kolams devant la maison. L’art du kolam est une tradition très ancienne en Inde, notamment dans le sud et il est transmis de mère en fille. Il est tracé en signe de bienvenue pour les visiteurs et à l’occasion des fêtes. Si le kolam de tous les jours est de couleur blanche, celui dessiné lors des fêtes religieuses comme Pongal est plus sophistiqué et en couleurs.
Le sol est préalablement lavé avant de dessiner les contours du kolam avec une poudre blanche, en général la chaux a remplacé la poudre de riz utilisé dans le temps. Les motifs sont commencés par le centre et c’est avec le pouce et l’index que la poudre est déposée à main levée… J’ai essayé, ce n’est pas si simple ! Ensuite la poudre blanche est mélangée avec des pigments de couleur et on remplit les motifs.









Happy Pongal en tamil








Vendredi matin, Jayhanthi a préparé le riz mais sans le laisser déborder sur la gazinière, c’est elle qui nettoie ensuite, a-t-elle fait remarquer !





 

Nous leur avons offert à chacun une boîte de gâteaux indiens achetés Ananda Bhavan, le spécialiste des gâteaux indiens. Ils sont délicieux et ressemblent aux pâtisseries algériennes ou marocaines.



lundi 16 janvier 2012

Alerte au cylone Thane


Avant de partir en Inde, je ne savais pas grand-chose de ce pays… Je ne savais pas non plus que de temps en temps, (pas souvent aux dires des indiens), des cyclones passaient par ici.
Je vous présente le premier, Thane qui est passé dans la nuit du jeudi 29 au vendredi 30 décembre matin. Prévu sur Chennai, il s’est déporté plutôt sur Pondicherry où il a fait beaucoup de dégâts matériels mais aussi a provoqué une quarantaine de décès, souvent dus à des électrocutions (les installations électriques sont dans un état déplorable) et des effondrements de maisons.
L’alerte avait été donnée à Chennai qui est à 100 km de Pondicherry… Pêcheurs, bateaux, bicoques en bord de rivière et mer avaient été évacués et nous avions pour consigne du Consulat de ne pas sortir et de nous calfeutrer dans la maison.
Le jeudi soir, vers 23 heures, le gardien de nuit a sonné à la porte : « water is coming ! water is coming !». Le vent soufflait beaucoup dehors, la mer faisait un bruit d'enfer... ce qui avait dû le maintenir éveillé pour une fois !

Nous l'avions recruté le mois précédent (depuis il n'est plus là). C'était le premier qui, d'emblée, nous avait averti qu'il dormait la nuit, ce à quoi nous avions rétorqué que c'était un peu gênant pour un travail de garde de nuit.
"Mais sir, tous les gardiens de nuit dorment la nuit, c'est bien connu !". Nous  étions restés baba devant autant d'aplomb ! Gardien de nuit voudrait dire gardien qui dort la nuit ?Je ne pense pas qu'il aurait eu la même franchise avec un patron indien. A ce jour, après moult changements de gardes, nous sommes toujours aussi sceptiques sur l'utilité de la fonction, d'autant que nous avons déjà été cambriolés en plein jour sous le nez du gardien ! Ils sont censés ouvrir le portail, ne pas laisser rentrer qui que ce soit sans notre autorisation et surveiller.
Avant de venir en Inde, c'était incontournable, nous savions que nous devrions embaucher des gardiens (ici on les appelle des watchmen), à priori pour notre sécurité. D'ailleurs, ils étaient déjà là avant nous, tout comme le jardinier, recrutés par le manager déjà en place lui aussi : un gardien de jour et un gardien de nuit. En vérité, ils étaient plusieurs à défiler... La première semaine, un soir où un nouveau gardien était en place, JM n'avait pas pu rentrer... le garde ne le connaissant pas avait refusé d'ouvrir le portail. Le jeu avait duré un bon moment jusqu'à ce que JM arrive à réveiller le manager.


De mon côté, j'avais plutôt imaginé des types plutôt costauds, genre garde du corps.
La première fois que nous avons franchi la grille de notre nouvelle maison, c'est "le Colonel", environ 80 ans, peut-être 90, bacchantes blanches grisâtres, portant un vieil uniforme crasseux avec des galons à la dorure usée sur les épaules, une chemise à la couleur indéfinie dépassant de son pantalon non moins crasseux qui tombait en accordéon sur des tongs et une casquette militaire de sudiste, qui nous a ouvert la porte. Il s'est mis au garde à vous, position salut militaire main à la casquette, en bombant son maigre torse sur lequel était accrochée une médaille militaire dont nous ne saurons jamais s'il l'avait gagnée ou achetée avec l'uniforme...  



Même si je n'espérais pas être accueillie par un garde genre Kévin Costner dans Bodyguard (je ne me prends pas non plus pour Whitney Houston), la surprise a été totale.
Mathieu nous a fait remarquer de suite et très justement que si nous étions "attaqués" par des gangsters, ce serait plutôt à nous de lui venir en aide ...


Le deuxième a été surnommé "Passe-partout" car il ressemblait comme deux gouttes d'eau au personnage de Fort Boyard (le même en indien).
Le troisième, appelé la première journée "La Boule" a été très vite rebaptisé  "le siffleur". Lors d'un festival indien, nous avions entendu des sifflements toute la nuit que nous pensions venir de jeunes qui s'amusaient sur la plage en l'honneur du dieu Ganesh.
La nuit suivante, nous avions été de nouveau réveillés par des sifflements stridents à plusieurs reprises. Impossible de dormir plus d'une heure d'affilée ! N'y tenant plus, vers 4 heures du matin, je m’étais levée pour essayer de voir ce qui se passait : c'était notre gardien qui tournait autour de la maison tout en sifflant comme un forcené dans un sifflet. 
Nous avions passé le reste de la nuit à nous poser des questions sur la raison et nous avions conclu qu'il voulait effrayer les serpents dans la nuit (il y en a déjà eu dans le jardin).
Le lendemain, JM lui a expliqué tant bien que mal, le garde ne parlant que tamil, que nous ne pouvions pas dormir de la nuit. Nous avons été tranquilles la nuit suivante, mais la nuit d'après, il a fait une rechute...
Depuis peu, nous avons eu une explication sur les gardiens siffleurs... En fait, ils sifflent à la demande des propriétaires indiens qui veulent la preuve qu'ils ne s'endorment pas. Nous n'avons pas bien compris car du coup dans l'histoire, plus personne ne dort ! Bizarre.

Le dernier, "le jeune" était celui qui se rapprochait le plus de l'image que l'on peut se faire d'un garde.
Et puis il y en a eu d'autres...
Et pour tous, nous avons vite constaté que le gardien de jour ne gardait que la chaise sur laquelle il était assis et ne la quittait que pour ouvrir le portail et prendre son repas. A sa décharge, il n'y avait qu'une chaise et probablement il devait craindre de perdre sa place au jeu de la chaise musicale avec le jardinier et le chauffeur.


Le gardien de nuit, à son tour gardait la même chaise la nuit mais en dormant… Tout est codifié en Inde, nous n'avons pas les clés du portail, elles appartiennent aux gardiens (normal, ce sont les maitres des clés !) qui doivent ouvrir et fermer à chacun des passages de nos voitures. C'est leur travail et pas le nôtre ! Donc, quand nous rentrons un peu tard le soir, il faut être patients et attendre que le watchman se réveille au son des coups de klaxon rageurs du chauffeur ! Les gardes de nuit étant les plus âgés, ce sont aussi les plus sourds !
Nous en avons eu un qui dormait le jour, probablement parce qu'il gardait une autre maison la nuit... Je n'ai pas résisté à le prendre en photo, en pleine sieste dominicale (je sais, ce n'est pas bien de se moquer...)



Le plus difficile à supporter a été le garde zélé... Imaginez-vous dehors sur votre terrasse avec un gugusse qui tourne autour de vous toutes les demi-heures ou se sauve en courant car il vous a vu en maillot de bain. Vexant, mais on ne lésine pas avec la pudeur en Inde.  Nous avons vite craqué, moi en particulier... Ils sont maintenant interdits de présence quand nous sommes dans le jardin.
A notre arrivée, tous ces recrutements étaient assurés par notre manager omniprésent qui nous rappelait quotidiennement, qu'il était là pour nous rendre service. On ne risquait pas de l'oublier puisqu'il actionnait plusieurs fois par jour notre sonnette et sa femme, omniprésente elle aussi, travaillait dans la maison. J'avais la désagréable impression d'habiter chez eux. En fait, il ne manageait pas grand-chose ou bien si, il essayait de nous manager en essayant de nous soutirer le maximum d'argent.
Nous avons préféré nous passer de ses services et ceux de sa femme mais ils habitent toujours sur le terrain car ils sont logés par le propriétaire... Cherchez l'erreur !
Depuis, il y a eu beaucoup de changement et de renouvellement autour de nous et nous recrutons nous-mêmes les personnes qui travaillent chez nous. C'est un boulot à plein temps et ce n'est pas de tout repos (ceci doit faire l'objet d'un billet spécial mais en plusieurs chapitres !).


Le comportement des deux derniers, recrutés depuis le 1er janvier nous laisse un peu d'espoir. 2012 est une autre année !

La nuit, le garde est un papy d'au moins 90 ans à superbes bacchantes blanches avec un look de Biker, vous savez les bad boys des années 40 qui écumaient l’Amérique en Harley Davidson… sauf que lui n’arrive pas en moto mais probablement en rickshaw ou en bus : teint buriné, que dis-je, parcheminé, tenue militaire kaki, bandana aux couleurs du drapeau américain sous un chapeau cloche assorti à l'uniforme et magnifiques tennis. Lors de "l'entretien d'embauche", il a dit à JM qu'il était militaire retraité et qu'il avait un fusil avec lequel il avait tiré sur des gens pendant je ne sais quelle guerre. Ce à quoi JM lui a répondu qu'il ne pourrait pas tirer chez nous ! Cela l'a fait beaucoup rire ! Mine de rien, le premier soir, nous avons quand même vérifié qu'il n'était pas venu armé. Vous l'aurez deviné, nous l'avons surnommé "papy flingueur". La première nuit, nous n'avons pas beaucoup dormi, il nous a fait, lui aussi, le coup du papy siffleur... Quand JM lui a dit le lendemain qu'il nous empêchait de dormir, là aussi ça l'a fait rire.
Depuis, il ne siffle plus mais il fait des rondes en balayant l'intérieur de la maison avec la magnifique lampe de poche super puissante rechargeable que nous lui avons achetée... On a l'impression de dormir sur une ligne de démarcation surveillée par des patrouilles de militaires ou de faire l'objet d'une descente policière au petit matin... Cela surprend la première fois !
Hier matin, nous n'avons pas eu d'électricité pendant une heure en dehors de l'heure de coupure habituelle. En voulant éteindre une malheureuse loupiote dans le local électrique, il avait "trifouillé" tous les fusibles jusqu'à trouver celui qui éteignait la fameuse lampe... Il était content d'avoir réussi... Depuis, nous lui avons demandé de ne plus toucher à rien mais ce n'est pas gagné ! On peut ajouter également qu'il est sourd... il ne réagit qu'au troisième coup de klaxon du chauffeur... Mais il est sympa et pour le moment, il nous fait encore rire !
Celui de jour nous a dit qu'il était footballeur... on n'en sait pas plus. Il est plutôt sympathique pour le moment et parle deux mots d'anglais. De tous ceux que nous avons vus, ce serait le moins bizarre.
Pour revenir à notre alerte donnée par un de nos anciens gardiens....
Lampe torche à la main, JM est allé vérifier sur la plage et effectivement, le niveau de la mer démontée se rapprochait bizarrement du portail du jardin… ajouté à la force du vent, c’était quelque peu impressionnant !
A minuit, l’eau commençant à rentrer par les côtés du jardin et encore dans le souvenir du tsunami de 2004, pratiquement à la même date, pendant lequel nous étions en Thaïlande, nous avons décidé de quitter les lieux... Difficile de s'endormir en sachant que le niveau de l'eau montait aussi rapidement. Nous sommes allés passer la nuit à l’hôtel.
Quand nous sommes rentrés le lendemain matin, c’était la désolation dans le jardin et juste un peu d’eau dans la maison… Le niveau de la mer est monté de 1,5 mètre.

Donc rien de grave, vous l'aurez compris, ce billet était le prétexte pour vous parler de nos gardes et monter quelques photos prises le lendemain matin et le surlendemain avant le nettoyage du jardin...





















La mer en montant près de notre portail a dévasté la plage... photo prise du bord de mer



mardi 10 janvier 2012

Voir le Taj Mahal... et vivre !


Récréation... 

Démarrage au feu à Jaipur...




"Tu vas me fiche la paix et me laisser dormir" s'est rebiffé le serpent !



De Jaipur, la ville rose capitale du Rajasthan, le pays des maharajas… et après notre arrêt à Amber Fort, nous filons vers Agra.
Le Rajasthan, d'abord terre des guerriers Rajputs tomba ensuite aux mains des empereurs moghols.  Les Rajputs retrouvèrent leur indépendance avec le déclin de l’empire moghol jusqu’à l’arrivée des britanniques.

C’est en voyant décliner la puissance moghole que le maharaja Jai Singh II, (1693-1743) grand guerrier et astronome décide de quitter sa forteresse bâtie à Amber pour habiter la plaine. Il fut le premier urbaniste de Jaipur, dessina la cité avec ses remparts et ses blocs rectangulaires selon les principes du Shilpa-Shastra, un ancien traité hindou d’architecture. C’est en 1876 qu'un autre maharaja, Ram Singh fit peindre toute la ville en rose, couleur de l’hospitalité, pour recevoir le prince de Galles, futur Edouard VII. Depuis la ville est toujours repeinte en rose.
Site complet sur l’Inde du Nord, pour les fous furieux d’histoire… vous saurez tout : http://dp.mariottini.free.fr/carnets/inde/rajasthan-histoire-rajputana.htm

Sur l’autoroute, toute la sainte journée…











Quatre heures de voiture pour arriver à Agra… Ayant jugé la protection du Ganesh « hyper design » collé sur le tableau de bord, insuffisante pour nous garder en vie et redoutant de nouveaux maux de tête, nous avons promis les pires ennuis à notre chauffeur s’il n’adoptait pas une conduite plus relax, sans klaxonner (sauf cas d'urgence) ! Je sais, c'est inhumain... pour un indien !

Privé de l’utilisation de son klaxon, et prié de conduire normalement, notre infortuné conducteur a repris le volant, probablement malheureux et désespéré.
Nous avons bien eu quelques rechutes, sa main dérapant par habitude sur l'avertisseur interdit et tentant aussi quelques accélérations, à la suite de quoi, il nous lançait des regards contrits via le rétroviseur, du genre « j’avais oublié »... mais globalement, à la fin du voyage, il avait un peu remonté dans notre estime.

Réveillon de Noël chic et ultra kitsch au Radisson d'Agra, avec animations et jeux à l'indienne, candidats ventrus et moustachus ravis de participer, danseuses du ventre, père noël ânonnant "Merry Christmas" et circulant autour des tables toute la soirée en agitant une clochette que nous avions grandement envie de lui faire avaler à la fin du repas... la totale mais le buffet était bon et nous avons bien ri...
 



Le Taj Mahal, magnifique, éblouissant, les mots me manquent... et les photos sont bien loin de reproduire l'impression de pureté et de beauté ressentie...
Visite guidée avec un guide "presque officiel", nous a-t-il dit, qui s'est imposé en montant dans la voiture sans nous demander notre avis. Las de nous battre, nous l'avons gardé, heureusement, il était correct et surtout tous les autres rabatteurs nous ont fichu la paix toute la journée. 

Le Taj Mahal ! Hymne à la beauté et à l'amour ! Construit en marbre blanc, étincelant sous le soleil de midi, orange au coucher du soleil, ce tombeau à la symétrie parfaite, symbolise l'amour fou que portait l'empereur moghol Shah Jahan à sa femme Mumtaz Mahal morte en mettant au monde son quatorzième enfant.
Pour protéger l'édifice de la pollution, toute circulation de véhicules à moteur aux alentours est interdite et on y accède par voiture électrique ou calèche. Les usines polluantes ont également été fermées, la ville ne vit plus que du tourisme.

Toujours pour les fous furieux d'histoire, tapez Taj Mahal sur google, vous saurez tout... ou bien faites 
http://whc.unesco.org/fr/list/252



Une des quatre portes de l'enceinte













Avant de reprendre la route pour Delhi... le fort rouge d'Agra









 
Pour la petite histoire... Retour en voiture sur Delhi, 5 h au lieu des 3 h annoncées par notre chauffeur inexpérimenté, les vingts derniers kilomètres sur les chapeaux de roue ! A l'arrivée, pas de place dans l'avion, surbooking ! Après négociations de JM auprès de la compagnie, nous avons pu prendre un autre vol pour regagner Chennai, tard dans la nuit !