Proverbe indien : Tout européen qui vient en Inde acquiert de la patience s'il n'en a pas et la perd s'il en a.


mardi 8 octobre 2013

Good morning Chennai, saison 3






Marché Pondicherry


Hello, nous démarrons notre troisième année à Chennai. Enfin, depuis deux mois car cet article est en cours depuis début août et j’ai décidé de le publier ce soir, coûte que coûte !

Chennai ! Parfois, j’aime cette ville. Parfois, pas. Certains jours, elle me rend folle et je ne rêve que de la quitter parce que je souhaiterais qu’elle soit moins sale, moins pauvre, moins riche, moins corruptible, moins corruptrice, moins injuste, moins politique, moins distante, moins envahissante, moins mystique, moins meurtrière, moins misogyne, moins surprenante, moins croyante, moins superstitieuse … et moins bruyante…
A la fois attirante et repoussante… Mais je ne regrette pas de l’avoir connue ! Vivre en Inde est une expérience hors du commun.
En août, nous sommes allés découvrir une autre facette de l’Inde, complètement différente du reste du pays car très proche du Tibet, dans l’extrême nord de l’Inde, plus précisément dans l’état du Cachemire : Le Ladakh à 3500 m d’altitude dans la chaîne himalayenne. D’ailleurs on appelle souvent cette région « Petit Tibet » ! J’y ai retrouvé l’ambiance des monastères bouddhistes et ses moines paisibles aux robes rouges, si différente des temples hindouistes et ses étranges brahmanes torse nu.

Nous sommes encore sous le charme des paysages de l’Himalaya ! 

Mais revenons à notre séjour à Chennai…
Le retour estival chaque année fait partie de l’aventure des Desperates Housexpats ! En juin et juillet, une bonne partie de la communauté francophone a quitté Chennai pour rejoindre l'Europe, période qui correspond aussi à la fermeture de l'école américaine en décalage d'un mois avec les écoles françaises.
Encore une fois, mon article sera rédigé au féminin car l'Homme, celui-là même qui vous a entrainé dans cette aventure, pour le meilleur et pas pour le pire (il vous l'avait promis !), celui grâce à qui (ou à cause de qui... ça dépend des jours) vous avez tout quitté, lui, restera pour travailler durement comme il le fait depuis son arrivée. S'il le peut et s'il n'a pas déjà pris tous ses congés pour arpenter le pays d'adoption en long, en large et en travers, s'il n'est pas pressenti pour une mission tombée au dernier moment, l'Homme aura quelques vacances et vous rejoindra peut-être plus tard.

A la première expatriation, le retour est une fête qui dure deux mois car à grands renforts de mails envoyés le mois précédant notre retour, nous avons ameuté la famille et les amis. Tout le monde connait notre date d’arrivée. C'est tout juste si nous n'exigeons pas les banderoles à l'aéroport.  Notre planning est déjà "game over" avant même de mettre le pied dans l'avion.

Dès que nous avons foulé le sol du terminal C, la course contre la montre commence. Un marathon qui nous emmène dans un tourbillon de folie, de retrouvailles, de rendez-vous, de restaus, de cafés, de soirées, d'apéros, de shopping, de vacances et nous dépose, deux mois plus tard dans ce même terminal C, exsangue, fatiguée, déboussolée, malheureuse et heureuse de quitter et de retrouver (ou vice-versa). Pas de regrets inutiles, nous sommes suffisamment raisonnables pour comprendre que les premières effusions passées, famille et amis ne pourraient pas tenir le rythme plus de deux mois et nous non plus d'ailleurs !
Le phénomène s'accentue si vous avez des enfants surtout s'ils sont petits car grands-parents et autres attendent leur petite-progéniture pour les couver d'attention et de cadeaux.

Il y a les retrouvailles avec la famille, les amis mais aussi avec des plaisirs gustatifs simples tels le fromage, le jambon cru et le pavé de bœuf accompagné de frites croustillantes et de sa béarnaise, etc. C'est juste un exemple autobiographique, je vous laisse à vos propres envies ! Certaines en auront rêvé toute l'année avec nostalgie. D'autres, dont je fais partie, n'y pensent pas plus que ça mais se précipitent dans la première bonne brasserie dès l'arrivée.

Et d’année en année, on s'habitue à nous voir partir et revenir. Ensuite, les enfants grandissent et nous les laissons derrière nous…Premiers stress, premières peines, les départs sont plus difficiles !

Et tout passe si vite, trop vite… Dernières fêtes, dernières embrassades et c’est déjà le départ ! L’épreuve des valises  a sonné.
Sortons la balance pour la pesée des valises que l’on achète les plus légères possibles pour pouvoir entasser une multitude de choses dont on s’est persuadé qu’elles nous seront indispensables parce qu’introuvables dans le pays d’adoption. Ne pas dépasser le poids fatidique imposé par les compagnies aériennes. Certes, on peut toujours essayer d’amadouer l’hôtesse à l’enregistrement mais c’est risqué !

Tout est étalé sur le lit, et là, d’un seul coup d’œil, nous savons que nous avons dépassé les bornes. Plusieurs fois remplies, transvasées, fermées, pesées, ré-ouvertes, re-transvasées, refermées et repesées, rien n’y fait, il va falloir faire des sacrifices. La mort dans l’âme, nous mettons de côté un livre ou deux pas si intéressants que cela, ou bien la poêle Téfal dernier cri, ou bien les deux boites en métal de galettes bretonnes pur beurre de tata Colette, ou bien quelques plaques de chocolat sur la cinquantaine prévue. Quelqu’une m’a avoué il y a peu de temps et elle se reconnaitra si elle lit ce blog, qu’elle remporte à chaque voyage un stock de papier toilette ! Chacun ses trucs… Est-ce bien raisonnable d’emporter tant de choses ? Nous finissons transpirantes au bord de la crise de nerf et les premières douleurs dans le bas du dos nous indiquent que le lumbago n’est pas loin.
Ouf, c’est bon ! Et là, une désagréable sensation d’avoir oublié l’essentiel. Un éclair ! Nous avons oublié les saucissons et le fromage dans le réfrigérateur ! Et c'est repartie...

Puisque la balance est sortie, risquons nous du bout des pieds… Oups ! Pas sûre que la petite robe achetée en solde à l’arrivée soit toujours aussi seyante !

Bye bye la France et quelques heures plus tard c’est l’arrivée à Chennai. Tiens, toujours pas ouvert le nouvel aéroport ! Tiens, toujours les mêmes odeurs d’urine et d’humidité qui nous accueillent !
Et dehors, la chaleur moite nous attend ainsi que nos deux chauffeurs avec leur mine réjouie !

Départ pour Panayur, on s’assoupit… Un coup de frein nous ramène à la réalité, nous avons failli heurter une vache qui a stoppé au milieu de la voie.

Les sons, les odeurs et les couleurs sont intensifiés bien au-delà de ce dont je me souvenais. Mouvement de couleurs vives et de peaux sombres, fureur des klaxons, vrombissement de moteurs, aboiements des chiens crasseux, litanie tonitruante des haut-parleurs, bruit de la rue. Pas de doute, nous sommes bien à Chennai et rien n’a changé, c’est toujours le même chaos. Et je sais que dans une une semaine, cela me paraitra presque normal.


Et on se rejouit de retrouver le soleil, la maison et demain c’est dimanche, nous pourrons profiter de la piscine si l’eau n’a pas viré au vert.

Nous tournons dans notre rue, la 7th avenue, les carcasses de rickshaws sont toujours là... 


Des vaches...


Encore une nouvelle maison qui se construit…







L'éboueur du quartier, qui marche encore droit à cette heure...



Notre équipe de choc est toujours là Ayapeun ouvre la grille, Jayanthi, souriante, vient à notre rencontre dans l’allée. Nous descendons de la voiture, un peu groggy.
« Mam, vous allez bien ? Je suis contente de vous revoir ».
« Moi aussi Jayanthi, vous allez bien et vos enfants ? »
« Je vais bien Mam, et mes enfants aussi »

A ce moment, elle a un petit pincement de lèvres fataliste, ses yeux s’arrondissent, ses sourcils s'élèvent de cinq cm, son front se plisse et son sourire s'efface peu à peu.
Pas de doute, si elle fait cette tête là c'est qu'il s’est passé quelque chose !

« Mam, vous n’allez pas être contente, il y a un problème ! ».

Et elle s'écarte peu à peu comme si elle voulait nous préserver le plus longtemps possible du spectacle que nous avons maintenant devant les yeux.






« Mam, la propriétaire a voulu refaire la piscine pendant que vous n’étiez pas là mais il y a eu de petits problèmes et ce n’est pas fini ! Je crois qu’elle voulait vous faire une surprise, Mam. Mais ne vous inquiétez pas Mam, l'ingénieur manager a dit que tout serait fini dans une semaine. Et puis, le moteur de la pompe à eau a brulé trois fois, il a été changé mais il ne marche pas bien et puis il n’y a toujours pas beaucoup d’eau dans les douches… et puis...».
Je n'écoutais plus... 
Bienvenue à Chennai !

A part ça, tout allait bien. 

Je vous passe les détails sur la discussion avec le propriétaire le lendemain... La valse des ouvriers a commencé. Ils ont travaillé huit heures par jour encadré par un manager qui rythmait leur journée à coup de sifflet et un mois plus tard, nous avions une nouvelle piscine, toute faite main, sans machine...
Incrédible India !


Une semaine pour enlever le carrelage





Une semaine pour cimenter







A notre départ au Ladakh


Et deux semaines après, à notre retour...



Qui a dit que les choses n’avançaient pas vite en Inde !

2 commentaires:

  1. superbe continue à nous raconter tes anecdotes de ta vie à chennai bises

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  2. Alors comment est finie cette avanture?

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