Mercredi, l’Inde fêtait Diwali, le festival des lumières, l’équivalent de Noël pour les hindous. On allume des petites lampes d’argile remplies d’huile pour signifier le triomphe du bien sur le mal. On échange des vœux et des présents et surtout on fait beaucoup de bruit : Pétards et feux d’artifice fusent non-stop si bien qu’une règlementation a été mise en place dans le Tamil Nadu pour réduire les accidents mortels.
Kolam traditionnellement dessiné avec de la farine de riz devant les maisons, les jours de fête |
C’est de cela que je voulais parler cette semaine et aussi de Goa, ancienne colonie portugaise où nous venons de passer quelques jours… jusqu’à ce que je lise le journal.
Marché aux poissons à Goa |
Basilique portugaise de Goa |
En première page, il y avait les résultats des élections qui ont passionné les indiens la semaine dernière. C’est le protégé de la chief minister Jayalalithaa, Saidai Duraisamy qui est le nouveau maire de Chennai avec 1 240 340 voix , 510 000 voix de plus que le principal opposant. Je ne saurais dire si ce sont les promesses de cadeaux qui ont motivé les électeurs ! A l’annonce de son élection, le nouveau maire a déclaré : « Ma première priorité est de nettoyer l’administration et de nettoyer Chennai ». Nous prenons bonne note de ces deux promesses avec lesquelles il a fort à faire !
Mais c’est un titre, en page 8 du Times of India qui m'a quelque peu sidéré.
« 266 Unwanted Girls to be ‘Wealthy’ from today».
" Pour mettre fin à la pratique dans le milieu rural du Maharashtra, de nommer les filles « Nakusha » (« Unwanted », en français « Non Désirée ») quand la famille souhaite plutôt la naissance d’un garçon, les autorités ont renommé 266 filles avec le prénom « Aishwarya » qui veut dire « Riche».
Pour ce faire, le gouvernement a recensé ces 266 filles nommées « Non Désirées » et après en avoir discuté avec les parents, a organisé une cérémonie samedi dernier au cours de laquelle, elles ont été renommées "Riche".
Un des officiels a déclaré : « C’est une petite marche vers le changement de mentalité dans le milieu rural ». Dans certaines parties du Maharashtra, si une fille nait alors que les parents souhaitaient un garçon, la malchanceuse est appelée « Non désirée ». Cette campagne d’éducation est conduite conjointement avec une association « Save the girl child » qui cherche à interdire l’avortement systématique en cas de fœtus féminin."
Le choix qui s’offre aux familles pauvres n’est pas si simple… il est essentiellement économique.
La fille est considérée comme un fardeau financier : Les parents savent qu’à moyen terme ils devront payer une dot, parfois très importante, que la fille partira chez la famille de son mari et ne pourra pas subvenir aux besoins de ses parents âgés.
« Non Désirée » souffrira de carences alimentaires, ne recevra pas de soins si elle est malade, n’ira pas à l’école et travaillera dur dès son plus jeune age.
Peut-on considérer que d'être nommée "Non désirée" est un moindre mal au regard d'un abandon ou d'un infanticide, dernière alternative désespérée mais encore présente dans certains villages reculés ?
La pression sociale mène la vie dure aux indiennes même dans les milieux aisés : la naissance d’un garçon est souvent privilégiée et toujours considérée comme une chance. Les échographies montrant le sexe de l’enfant sont interdites et l’avortement en fonction du sexe est illégal et pourtant...
Peut-être que l’écart démographique entre les hommes et les femmes qui se creuse dangereusement depuis dix ans réveillera les consciences. Le gouvernement a échoué pour le moment !
A Chennai, la mousson attendue a commencé cette semaine... panne d'électricité, panne d'internet...