Carte postale de Mumbai ex Bombay

 

Au sujet de notre chauffeur de taxi affectueux qui nous a amené contre sa volonté, devant le dhobi ghat, il faut que je vous dise qu'après quelques précédentes expériences plus ou moins heureuses mais jamais dramatiques que je vous conterai un de ces jours, nous avions décidé de ne pas nous laisser intimider et de suivre le programme que nous nous étions fixés dès le départ… 

C’était sans compter sur la pugnacité, la force de persuasion de notre chauffeur. Le vendeur de cuisine Vogica, le plus convaincant pour refourguer une cuisine sur plans, clés en main, aux deux jeunes mariés arpentant les allées du Centre commercial XY, à la recherche d’une simple passoire pour filtrer l’eau de leurs nouilles qu’ils vont déguster les yeux dans les yeux le soir même, est un rigolo à côté d’un chauffeur de taxi indien ! 

Je sens que JM fléchit... Après tout, pourquoi pas ? Nous « signons » pour un tour de 3 heures à 700 roupies (10 €, nous sommes encore bien loin des prix des taxis parisiens) mais à condition qu'il suive notre programme… Tope-là. Notre heureux chauffeur est donc descendu avec nous et tout à sa joie, nous a débité tout ce qu’il savait sur le dhobi ghat. Une dernière photo...

De nouveau dans la voiture, avant même de refermer la portière, il a déjà oublié ses promesses et reprend, imperturbable, la conversation là où il l'avait laissée :

« Le tank, je vous emmène à  Banganga tank à Malabar Hill, ensuite à la maison de Ghandi, la Gateway of India et on finit dans les boutiques ».

« Nooooooooooonnnnnnnnnnn, nous sommes déjà allés hier à la Gateway of India et au Banganga tank".

Fouille dans tous les lieux publics... security

La Porte de l’Inde, l’arc de triomphe colonial de Mumbai, face au port, a été construite par les anglais en 1911 pour l’arrivée de Georges V. La dernière parade anglaise a eu lieu en 1947 lors de l’indépendance. C’est devenu un lieu de rencontre : touristes indiens, vendeurs de cartes postales et de ballons géants, photographes, mendiants, beaucoup de jeunes et nous...

  Le Taj Mahal Palace & Tower, hôtel de luxe situé à Bombay, 1903, construit par Jamshedji Tata, le fondateur du groupe Tata.

Transport à 4

notre taxi

Toute voiture indienne possède un gri-gri vissé sur le tableau de bord ou suspendu au rétroviseur intérieur... Ne sous-estimez pas ses pouvoirs et n' oubliez pas de lui adresser une prière, en entrant dans la voiture, celle d'arriver sain et sauf à destination ! A renouveler plusieurs fois pendant la course, les effets peuvent s'affaiblir en fonction de la durée du trajet, de l'âge de la voiture,de l'âge du conducteur et de sa propension à se rapprocher du pare-brise en plissant des yeux... S'il n'y a pas de gri-gri sur le tableau de bord (le conducteur ne croit peut-être plus en un seul des dieux indiens et c'est mauvais signe et/ou il est peut-être plus suicidaire que les autres), ne montez pas dans la voiture !

Le Banganga Tank, bassin sacré dans lequel des pèlerins viennent se baigner… étonnant cet endroit, calme et paisible, juste s’asseoir, regarder… et déambuler dans les ruelles, rencontres et échanges de quelques mots, échanges de sourire, le beau sourire indien donné avec générosité…

Lu dans le guide lonely planet (car nous n'avons pas trouvé quelqu'un pour nous expliquer à quoi servait ce bassin) : selon la légende, le seigneur Rama l'aurait créé en perçant la terre d’une flèche… le poteau en bois que vous voyez au milieu serait le centre de la terre… Ce n'est pas le premier centre de la terre indiqué dans un guide. Y en aurait-il plusieurs ?

 

... "Nous voulons aller à la mosquée de Haji Ali et au temple jain de Babulnath".

"Ha bon ! à la mosquée" ? 

"Oui, celle qui est sur la mer,  vous savez où elle se trouve" ?

Il réfléchit, il le sait forcément, mais n’a pas l’air satisfait de notre requête. Nous insistons.

"OK, la mosquée et ensuite je vous emmène voir un temple jain"...

(27 000 000 000 $)* baby... ou la folie des grandeurs indiennes

Source Internet

* 27 milliards de dollars (au cas où vous seriez perdus dans vos zéros et j'espère que je ne me suis pas trompée dans les miens !).

Notre chauffeur de taxi entreprenant et enrubanné a piqué ma curiosité au sujet de ce building biscornu et de son habitant, l’homme le plus riche de l’Inde et en écrivant mon dernier billet, j’ai bifurqué sur des sites de presse à qui j’attribue toutes les infos non vérifiées qui vont suivre ainsi que les photos.

J’ai découvert que Mukhesh Ambani n’était plus l’homme le plus riche de l’Inde : Quatrième fortune en 2009 avec 29 milliards de dollars selon Forbes, il a perdu 2 milliards de dollars en 2010, ce qui le fait régresser de 5 places au classement des dites fortunes et il arrive "seulement" à la 2^ème place de l’homme le plus riche d’Inde derrière Lakshmi Mittal.

Né en 1957 sous une bonne étoile et surtout sous la bonne fortune de son père qui a fondé le  groupe Reliance Industries, il est marié et a 3 enfants. A la mort du papa en 2002, le veinard hérite de la compagnie avec son petit frère, compagnie qui domine mondialement les domaines de l’exploration et de la production minière, du raffinage et marketing, de la pétrochimie. Et depuis, il a créé d’autres sociétés et entre autres un millier de magasins de distribution. J’imagine que je dois acheter tous les jours dans un magasin de Mukesh Ambani ! Pour finir, il est le premier citoyen non-américain à devenir administrateur de l'une des plus grandes institutions financières du monde, la Bank of America Corporation.

Comme tout homme célèbre, il a sa citation, elle a fait le tour du monde :

«  Pendant que le monde vieillit, l'Inde rajeunit. C'est ce qui fait notre force. » 

A méditer par notre bonne vieille Europe !

Et même si on a le sens de la famille en Inde, les frères, plutôt frères ennemis rivalisent, chacun voulant être le plus riche ! Sauf que le petit frère a du mouron à se faire car il n’est que 103^ème au classement Forbes. Plutôt passionné par le divertissement et l’industrie cinématographique en particulier, il investit beaucoup et perd beaucoup. Normal qu’il soit jaloux, il ne possède que 8,8 milliards de dollars, il faut se mettre à sa place ! D’ailleurs, je l’ai consultée cette liste et j’ai appris que le bon dernier du classement, le 1140ème, était un chinois qui a fait dans la chaussure et dont la fortune s’élève seulement à 1 milliard de dollars… petit… petit… J’en ai conclus que pour faire partie du classement il fallait au moins posséder cette somme.

Au passage, je vous fournis la liste Forbes au complet (personnes sensibles s’abstenir…),

http://www.forbes.com/wealth/billionaires/list?page=1

Source internet - Times of India

Mais je m’égare revenons à notre principal sujet et son immeuble bizarroïde qui a fait l’objet de ce billet.

C’est donc pour sa petite famille et lui-même qu’il a fait construire ce petit nid de 37.000 m2 habitables, plus grand que le château de Versailles, nommé “Antillia” , avec 27 étages, un club de gym et fitness, une piscine, des jardins suspendus, une salle de bal, un cinéma d’une cinquantaine de places, des salles d’invités et des lounges, 3 emplacements pour hélicoptères et 160 places de parking… et j’en passe et des meilleures.

Tout ceci pour l’équivalent de la totalité de la fortune du cancre du classement Forbes.

Comme il n’est pas prévu que ce soit madame qui fasse le ménage après que son petit mari et son attaché-case se soit envolés vers son bureau en super hélicoptère, un staff de 600 personnes travaillent dans cette maison pour le bien-être de ses occupants. Cela crée de l’emploi !

Je n’ai pas écrit ce billet pour ouvrir le débat de savoir si le building du milliardaire est un monument ostentatoire de vulgarité ou si c’est un  hommage à la réussite d’un homme ou à l’esprit d’entreprise de l’Inde. Chacun est libre de se faire son opinion !

Non, il y a quelque chose qui m’a bien plus interloquée…Quand nous sommes passés près de cet immeuble, j’ai bien lorgné pour essayer d’apercevoir ce qui se passait dans cette tour d’Ivoire, je n’ai rien vu bien sûr. Ce dont je ne me doutais pas à ce moment, c’est que depuis son achèvement en 2010, elle n’était toujours pas habitée par ses propriétaires ! Je vous en laisse découvrir les raisons sur les deux articles de journaux suivants :

 

19 octobre 2011 du Times of India :

http://timesofindia.indiatimes.com/city/mumbai/NYT-Is-vastu-shastra-stalling-Mukesh-Ambani-move-to-Antilia/articleshow/10407554.cms

Source internet

Et cela fait aussi parler dans les chaumières françaises, info relayée en France le 26 octobre 2011, source  RTL… (article restitué dans son intégralité)

La maison la plus chère du monde est vide... Ses propriétaires milliardaires ont peur d'y emménager craignant la poisse, nous révèle le tabloïd britannique Daily Mail.

Le gratte-ciel, nommé Antilia, érigé en 2010 domine l'horizon de la capitale indienne de Bombay. Avec ses 27 étages écarlates et une description à faire pâlir n'importe quel agent immobilier, cet écrin de luxe ne fait pourtant pas le bonheur de ses propriétaires.

Scotchés à leur ancien domicile

Construit pour l'homme le plus riche d'Inde, Mukesh Ambani, 9ème fortune au monde selon le classement du magazine Forbes, cette habitation ultra-luxueuse ne satisfait pas pour autant son propriétaire. Bien que le bâtiment soit habitable depuis 2010, Monsieur Ambani, son épouse Nita et leurs enfants ne se sont pas encore décidés à y poser leurs valises. Et même s'ils ont déjà visionné plusieurs films dans leur salle de cinéma et que leur salle de bal a déjà été le théâtre de plusieurs de leurs sauteries, une fois les invités raccompagnés à la porte, les Ambani's empruntent eux-mêmes leur limousine pour regagner leur ancien domicile.

Raisons officielles et officieuses

Le problème c'est que leur propriété ne remplirait pas les normes de conformité de la Vastu Shastra, une science ancestrale et traditionnelle qui détermine des lois (architecturales) à respecter dans son domicile. Justement, dans la Vastu, il est expliqué l'importance de faire face à l'Est. Au soleil qui se lève. Et malgré les sommes sidérantes dépensées sur le building, il semblerait qu'il n'y ait pas assez de fenêtres sur la façade Est de celui-ci. Ce qui ne permettrait pas aux résidents de recevoir assez de lumière le matin.

D'autres expliquent cela par le fait que la famille milliardaire n'oserait pas habiter dans un bâtiment qui a été l'objet de nombreuses critiques, arborant une richesse ostentatoire malvenue dans un pays où la plupart des habitants gagnent moins de 2 dollars par jour.

M. Ambani est connu pour ses talents de visionnaire et son expertise en matière de gestion », a déclaré le directeur général de la Bank of America. 

A priori, ses talents de visionnaire dans le monde de la finance lui ont fait quelque peu défaut pour ne pas prévoir le manque de lumière du soleil levant … risquant ainsi que les dieux ne le voient plus d'un très bon oeil !

Cela reviendrait-il à dire que même les visionnaires les plus doués doivent prendre soin de préciser leurs attentes ? Aurait-il dû se douter que les architectes occidentaux, même les plus talentueux, ignoraient tout des préceptes ancestraux de la Vastu Shastra ?

Alors ? Superstition, peur de la colère des Dieux ou éveil d’une conscience ? Pour le moment, la luxueuse tour de verre et d'acier avec vue panoramique sur Bombay et la mer d'Arabie n'est toujours pas habitée par ses propriétaires !

Once again the incredible india !