Proverbe indien : Tout européen qui vient en Inde acquiert de la patience s'il n'en a pas et la perd s'il en a.


vendredi 16 mars 2012

Woman's day et la re-chute du mur, saison 2

J’ai pris conscience, il y a peu de temps, que j’avais souvent tendance à commencer mes phrases par « tu veux que je te fasse rire » ou bien par « tu ne vas pas me croire ! ». Je crois que le phénomène s’est amplifié depuis que je suis en Inde.
Cette fois-ci, je peux commencer mon billet par les deux : Vous voulez que je vous fasse rire mais vous n’allez pas me croire !
J’ai fait la rencontre avec un autre aspect de la culture indienne la semaine dernière, je savais les indiens fatalistes, plutôt patients, surtout dans l’art de rendre impatients les occidentaux mais je ne les savais pas aussi joueurs notamment avec les lois. Il est vrai que la richesse peut donner tous les pouvoirs !

Mardi dernier, deux jours avant la journée de la femme, il s’est produit un nouvel évènement dans la saga  de notre maison, le dernier avant que nous la quittions… mais parlons tout d’abord  de la journée de la femme indienne… qui a probablement commencé, pour la plupart d’entre elles, comme toutes les autres journées, très tôt vers 5h du mat et a fini très tard dans la nuit.
Dans le Times of India, j’ai trouvé seulement deux articles faisant référence à la Woman’s day…







J'ai pris ces photos au bord du Gange, à Varanasi (Bénarès) où tout indien rêve d'aller au moins deux fois, la première pour prier et la dernière pour mourir... J'ai eu la chance d'aller y passer 4 jours... Fabuleux, une plongée au coeur de la religion hindoue où la vie et la mort se côtoient sans préjugés... Ma plus belle découverte depuis que je suis en Inde... Billet à venir
Une de mes voisines, femme de pêcheur



Le premier article « Driving the change » indiquait que le nombre de permis de conduire accordés aux femmes a doublé depuis 2002. A la bonne heure ! Toutefois, le pourcentage de conductrices reste faible par rapport à celui des hommes : 7 % en 2002, 10 % en 2010 et 14 % en 2011. 


Repasseuse de rue à Bénarès
Si à nos yeux d’occidentaux, ce n’est pas encore le début d’une grande révolution de la condition féminine en Inde, c’est, pour Durga qui a créé une école de conduite pour les femmes en 1995, un long chemin parcouru depuis une dizaine d’années : «Pour moi, posséder un véhicule signifie la liberté. Il ne signifie pas seulement se limiter à la maison et la cuisine. Avant les années 1990, les femmes sortaient très peu à l’extérieur" dit-elle. C’est depuis cette date, alors que les femmes commençaient à entrer dans le monde du travail avec des diplômes de technicien ou d’ingénieur, leur donnant une autonomie financière, qu’elles ont commencé à conduire. A priori, les changements sont visibles également dans les zones rurales où la femme a pris place aux guidons de scooter et de cyclomoteurs. Depuis six ans, les fabricants planchent sur le sujet et travaillent sur des modèles automatiques et plus légers.
Si à Chennai, il est encore assez rare de croiser des femmes au volant d’une voiture ou d’un scooter, dans les villes comme Delhi et Mumbai, c’est plus courant.



Femme à Bénarès

Le deuxième article stipulait que le 8 mars était également la journée mondiale du rein et que la femme indienne, bien plus altruiste que l’homme indien, contribuait largement aux dons d’organes.
Un docteur, chef d’hôpital déclarait qu’en Inde, si le patient est un enfant, c’est presque exclusivement la mère qui lui fait don d’un organe. Une évidence sûrement car la mère lui donne la vie une deuxième fois.  

Par contre, la suite de l’article m’interpelle un peu plus… Sur 90 greffes entre époux, 70% des donneurs (pour ne pas dire des donneuses mais on le sait déjà, le masculin l’emporte sur le féminin) sont des femmes.
Le même médecin précise que même si une femme  a moins de chance que son mari se dévoue pour elle, cela ne la dissuade pas de faire des dons d’organes.
Serait-ce vraiment par choix ou par obligation ?

Encore plus étrange, les femmes sont plus nombreuses que les hommes même dans les greffes dans lesquelles le donneur et le receveur ne sont pas liés par des liens familiaux.
A ce jour, depuis le début de l’année, sur les 95 greffes, 68 donneurs sont des femmes et 27 sont des hommes.  Par contre qui sont les heureux bénéficiaires des 68 dons faits par les femmes ? 70 sont des hommes et seulement 25 sont des femmes.
Y aurait-il une explication scientifique à ces chiffres ? Les femmes seraient-elles moins malades que les hommes ? Ont-elles l’esprit de sacrifice ? 

La question a été posée au même médecin qui a répondu :
« Une des raisons majeures est que c’est la femme ou la mère qui s’occupe du bien-être des enfants, de la famille et voire de la communauté au sens large. C’est son rôle dans la société indienne.
D'un autre côté, les hommes peuvent être récalcitrants aux dons d'organes, car ils sont soutiens de famille. Ce sont eux, le plus souvent, qui subviennent financièrement au foyer. S’ils disparaissent, ils laissent toute une famille sans ressources. »


Dévouées corps, organes et âmes !
A méditer et happy Woman’s day !

Trois générations de femmes au bord du Gange à Bénarès

Je l'avais annoncé sur facebook, nos aventures dans notre petite maison au bord de la mer  n'étaient pas terminées : « Les hommes en blanc » sont revenus mardi dernier, le gouvernement local comme les appellent les gens de la maison. Et ils n’étaient pas contents, les hommes en blanc du gouvernement local, pas contents du tout de voir que le propriétaire faisant fi de l'avertissement, avait remis un grillage sur le muret. J’ai su tout de suite qu’ils n’appréciaient pas la plaisanterie aux cris vociférés à travers la clôture. Je ne comprends pas le tamil mais je pense que ce n’était pas des compliments.
J’étais passée pour préparer le déménagement prévue le vendredi pour notre nouvelle maison sachant que depuis début février, nous avions déserté les lieux pour l’hôtel.

Ils ont hélé le watchman papy biker,  le chauffeur, le jardinier et la maid pour les interroger. Moi, ils m’ont ignorée… mais je suis restée à l'extérieur pour être sûre qu’ils ne malmènent pas mon équipe de choc. C’est qu’il faut se méfier du local gouvernement qui a tout pouvoir surtout sur les pauvres gens. D’autant qu’ils étaient accompagnés d’un policier, un seul cette fois-ci… mais aussi accompagnés d’un beau bulldozer jaune flamboyant neuf. J’ai tout de suite pensé en le voyant que ce n’était pas pour nettoyer la plage qui pourtant, en a bien besoin. Celui-ci, après quelques manœuvres habiles de son chauffeur, s’était posté au coin du jardin, pelle menaçante prête à attaquer.

« Mam, ils veulent savoir qui a reconstruit le mur au même endroit, je leur ai dit que c’était le manageur. Ils veulent aussi le numéro du propriétaire » me dit Mani.
« Dites leur que je n’ai pas le numéro et demandez-leur ce qu’ils vont faire » répondis-je
« Mam, ils vont casser de nouveau le mur, ils disent que le terrain n’appartient pas au propriétaire et qu’il ne l’a pas acheté » me répondit-il
Pourtant mon propriétaire est richissime et très connu à Chennai.
« Vous êtes sûr d’avoir bien compris et quand vont-ils démolir ? »
« Tout de suite, Mam » 

Sur ces entrefaites, je cours chercher mon appareil photo car je veux, cette fois-ci, fixer l’évènement sur la flash card… Mais le gouvernement local n’était pas d’accord et par traducteur interposé m'a interdit de prendre des photos pendant l’action ! Des sentinelles se sont mises en place dans mon jardin pour me surveiller…Ubuesque !

A ce moment-là, le conducteur du bulldozer a fait vrombir le moteur et l’engin après avoir fait une brèche dans le mur, a pénétré dans le jardin pour se lancer sans autre forme de procès, à l’assaut du mur.
Si la dernière fois, il en avait détruit à peine la moitié, cette fois-ci, il a mis du cœur à l’ouvrage et l’a tout simplement pulvérisé, emportant tout sur son passage, le muret, le portail avec ses lanternes, la haie de végétaux , le nouveau grillage fraichement posé.
Cachée derrière un rideau, j'ai pris quelques photos de l'engin en action.




Surgissant de nul part, le manager débarque, affolé, monte sur le mur et saisit un poteau pour essayer de sauver la dizaine de mètres de grillage qui n’avait pas encore fléchi sous le bulldozer. Le conducteur n’a absolument pas failli à sa tâche et a continué, imperturbable, à détruire inexorablement le mur, obligeant le manager à bondir au sol et à abandonner son sauvetage dérisoire. J’ai bien cru qu’il allait finir dans les mâchoires de la machine.
Deux minutes plus tard, c’était fini…  Pendant ce temps, je n’avais pas vu arriver un type en moto, le paparazzi du journal local.
« Mam, c’est le journal, c’est pour prendre des photos » me dit Jayanthi.

Et les hommes en blanc du gouvernement local sont repartis dans leurs voitures, le bulldozer les précédant. Mais cette fois, le gardien n’a pas eu besoin de courir ouvrir la porte… ou bien il n’a pas couru assez vite ou bien le conducteur du  bulldozer devait avoir une course urgente à faire ou un nouveau mur à démolir car il ne s’est pas arrêté et a réduit les piliers et la grille en bouillie. Incredible India !














lundi 5 mars 2012

Chasse miraculeuse et abandon du navire


Dans le journal ce matin, c’est annoncé, les coupures de courant programmées vont passer à deux heures par jour et à huit d’heures d’affilée une fois par mois…  sans compter les coupures intempestives.
Il n’y a pas assez d’électricité en Inde et  les chaleurs de l’été arrivent à Chennai, selon la météo, à la fin de la semaine. Nous devrions passer de 31 à 38°C et avec l’utilisation massive des climatiseurs et des ventilateurs, la demande va encore augmenter. Jayalalitha, la ministre du Tamil Nadu  ne présage pas d’amélioration, les coupures pourraient même être plus importantes.
C’est une catastrophe pour les industries, les commerçants, les restaurateurs. Mais pourquoi ne pas en acheter ? La TNEB, la compagnie d’électricité d’état déclare qu’elle est impuissante et fauchée ! Le Tamil Nadu n’est pas assez riche pour acheter de l’électricité aux fournisseurs.

Fleurs pour les offrandes des temples


Lu aussi ce matin, en 3ème page, un gros titre qui a attiré ma curiosité, un peu morbide, je dois l’avouer : Un cochon enragé battu à mort après avoir mordu deux golfeurs et un blanchisseur sur un parcours de golf.
Bizarre, je n’ai jamais vu de porc, de surcroît enragé à Chennai, ni dans les rues, ni dans mon assiette et on peut se demander ce que faisaient les quatre protagonistes réunis sur un parcours de golf !

Un cochon enragé a été battu à mort sur un parcours de golf après avoir mordu deux golfeurs. Il avait auparavant mordu un blanchisseur qui dormait au bord du canal. Alors que les deux golfeurs ont été soignés  dans un hôpital privé, le blanchisseur est en cours de traitement dans un hôpital public.

Un vétérinaire universitaire a autopsié l'animal et a constaté qu'il était infecté par la rage.  Il a commenté : «Le cochon n'est généralement pas un animal agressif. Cet animal pourrait avoir été mordu par un chien enragé ou les rongeurs. C'est pourquoi il a attaqué les gens."

Vers 16 heures, le cochon, qui flânait sur le parcours de golf, s’est jeté sur les deux hommes d’affaires. Ils marchaient vers le troisième trou quand le porc les a attaqués. Ils ont été mordus à la cuisse et à la jambe. Alors que la plupart des golfeurs ont couru pour sauver leur vie, quelques-uns, avec les caddies, ont battu l'animal à mort avec des clubs de golf.

"Le cochon a été tué en légitime défense» a raconté un témoin à la police.
 
Le témoin fait bien d’insister sur la légitime défense des golfeurs car à Chennai, on ne badine pas avec les maltraitances d’animaux et les associations de défense des animaux sont actives.
Dernièrement, un camionneur a été arrêté et risque cinq ans de prison car il transportait dans de mauvaises conditions une quarantaine de vaches dans son camion. L’article disait, textuellement, que la police avait volé au secours des quarante vaches évacuées ensuite dans une clinique où des vétérinaires les ont soignées avec empressement… probablement pour les remettre dans la rue à errer à la recherche de quelques déchets dans les poubelles avec leurs compagnons d’infortune, les chiens galeux, estropiés et malades.









Qu’on se le dise, je n’ai rien contre la défense des animaux, bien au contraire, mais tout ceci n’est-il pas un peu décalé dans un pays où on fait bien peu de cas de certaines vies humaines ! 

Et qui se préoccupe des conditions de transport des travailleuses et des travailleurs de force entassés comme des sardines dans les bennes des camions, sous un soleil de plomb ?
Et qui se préoccupe de certaines femmes qui, à longueur de journée, juchent des briques sur leur tête pour les acheminer au fur et à mesure de la montée des murs pendant que d'autres évacuent de la même façon, les terres de remblais ?

En Inde, il n’y a que la vache et les dieux qui sont sacrés !



De ma fenêtre d'hôtel, femmes portant les pierres une par une pour la construction d'un immeuble 




Nous aussi, nous participons à la sauvegarde animale, nous avons épargné une mort certaine à un visiteur régulier de notre jardin, bien que celui-ci ne me soit pas particulièrement sympathique.

Nous le savions depuis un moment, il passait de temps en temps chez nous. Nous avions été prévenus que ces bestioles indésirables pouvaient  s’inviter d’où la nécessité d’entretenir le jardin régulièrement. Selon les descriptions de notre joyeuse troupe, le reptile, d’un jour à l’autre, pouvait être aussi bien de la taille d’une couleuvre que celle d’un anaconda.
« Mam, hier, j’ai vu un serpent sur le côté du jardin » me  dit Mani, mon chauffeur, en exhibant sous mon nez, comme preuve, une magnifique mue au bout d’un bâton.
« Yes, Mam, un serpent long comme ça » rétorque le chauffeur de JM et joignant le geste à la parole, écarte les bras de chaque côté, ce qui faisait bien une envergure de deux mètres.
« Mam, ce matin j’ai vu un serpent enroulé autour d’une branche dans l’arbre là-bas » me dit un des gardiens quelques semaines plus tard en prenant soin d’éviter l’arbre de la discorde lors de sa ronde.
Jayanthi avait eu aussi droit à son apparition, quelques temps plus tard.
« Mam, mam, un serpent, un serpent juste en face de moi quand j’ai voulu ramasser une noix de coco ! » se pâmait-elle la main sur le cœur, prête à défaillir.
Bien sûr, le reptile avait toujours disparu avant que je ne le voie. 

Et une nuit, c’est JM qui a fait sa rencontre, rencontre rapprochée car en voulant éteindre les interrupteurs des lumières extérieures à l’abri dans une boîte, il s’est retrouvé avec la bestiole dans la main. Elle était lovée autour des interrupteurs pour passer la nuit.



Le lendemain, JM armé d’un parapluie pour ouvrir le couvercle à distance respectable et moi juste derrière avec mon appareil photo pour fixer l’évènement à la postérité, courageusement, nous sommes allés admirer la bête.

Au moment où JM a soulevé le battant, le serpent, sûrement surpris par la lumière vive, a jailli en l’air comme un diable de sa boîte, nous fichant la peur de notre vie et s’est réfugié dans un bosquet. Inutile de vous dire que je n’ai pas eu le temps de prendre la photo !

Nous avons donc appelé le chasseur de serpents, pas celui qui massacre la bête sur place mais celui du zoo, plus pacifique qui le ramène vivant avec lui. Je ne sais pas pourquoi, mais nous pensions voir arriver un gaillard, genre rangers avec bottes et chapeau d’aventurier de l’arche perdue, au volant d’un 4x4 avec au minimum un filet et un crochet pour immobiliser la bestiole, comme nous l’avions souvent vu dans les émissions du style Discovery channel. En fait, une demi-heure plus tard, mon chauffeur a récupéré le dit aventurier,  un jeune gringalet avec un sac à dos, à l’arrêt de bus proche de la maison.

J’avoue que le gringalet m’a épatée. Courant après le reptile qui, entre-temps, avait quitté son bosquet et glissait à toute vitesse le long de la terrasse, il l’a saisi prestement par le bout de la queue. La bestiole se tortillait dans tous les sens pour essayer de remonter vers la main qui la tenait fermement mais le dompteur, par un habile jeu du poignet de droite à gauche, l’en empêchait et petit à petit, l’a calmée en lui posant la tête sur le sol. Nous n’avons pas bien compris le nom de l’indésirable dont la morsure donne de sérieux problèmes dermatologiques. Ensuite, il m’a demandé une taie d’oreiller, a glissé le serpent à l’intérieur, a fait un nœud et est reparti prendre son bus, à pied, car mon chauffeur a refusé de le laisser monter dans sa voiture avec sa proie. 





J'ai imaginé la panique dans le bus, toujours bondé à Chennai, si le serpent s'échappait pendant le voyage, anecdote tout à fait crédible puisque nous sommes en Inde et que tout peut arriver, surtout l'incrédible.   

Âmes sensibles s'abstenir...
Source Times of India - internet
Et l’incrédible, c’est tous les jours dans le journal. La semaine dernière, lors du transport en ambulance d’un corps pour la morgue, la porte arrière du véhicule s’est ouverte accidentellement et la civière avec le corps a roulé sur la route sur une bonne distance, laissant les automobilistes qui suivaient (d’après le journaliste) en état de choc.
Et toujours avec la photo à l’appui… sinon nous n’y croirions pas.
 
Et notre watchman, le papy biker siffleur, avec son chapeau de cow-boy et ses baskets blanches, s’adressant en tamil à mon chauffeur mais en me regardant avec un sourire moqueur, la moustache frisante : « Mam, ce serpent, il est tout petit, moi, il y a trois jours, sous les fils du linge, j’ai vu un serpent gros comme ça » dit-il en tâtant son biceps, certes loin d’égaler celui de Arnold Schwarzenegger au sommet de sa gloire mais quand même de bonne taille, à peu près de la taille d’un python ! 


 « Mais pourquoi vous n’avez rien dit avant? » lui répondis-je
« Mam, si je vous avais dit qu’il y avait un serpent près de la maison, vous auriez eu peur » me répondit-il, goguenard avec juste un brin de machisme. 

Il y avait bien deux serpents différents, la vipère attrapée, il restait l’anaconda !… Abasourdie par cette révélation tardive, je frémissais en réfléchissant au nombre de fois où j'avais détendu mon linge alors que la nuit était déjà tombée !





Et du côté de notre logis.
L’extinction de la pompe à pression d’eau avait résolu provisoirement les problèmes de fuite mais nous  étions presque revenus au point de départ puisque nous retournions quotidiennement, sous notre mince filet d’eau, certes chaude cette fois-ci mais d’une couleur douteuse jusqu’au retour du plombier deux jours plus tard avec une batterie de flexibles pour changer toutes les arrivées d’eau. Ni une, ni deux, les quatre lavabos de la maison se sont retrouvés à terre. J’avoue que je suis restée baba devant sa prestation, enfin, nous avions un expert ! 

Tout s’est bien passé jusqu’à ce que j’entende dans l’après-midi la maid crier « Mam, mam, le sol bouge quand je marche dessus ». Je cours vers la piscine où je vois Jayanthi surfer sur la pelouse qui se soulève et à côté d’elle un magnifique geiser rejetant une eau boueuse. Il faut préciser que le gazon n'a pas été semé mais posé tel un tapis d'herbe prêt à poser.

A priori, la pressure pompe avait encore frappé et une des canalisations extérieures avait cédé. Là, j’ai vu quelques signes d’impatience et de découragement passer furtivement sur le visage du plombier déjà fort occupé à replacer tous les lavabos gisant sur le sol et alerté par les cris. Allais-je voir enfin un indien perdre son calme ? Je passe sur les détails de réparation... A la fin de la journée, le plombier m’appelle pour tester toutes les réparations.

« Mam, tout est réparé » me dit-il en montrant fièrement les flexibles neufs, les lavabos remis à leur place initiale, la fuite extérieure rebouchée, le voyant du ballon scintillant et en faisant couler à fond les robinets d’eau froide d’où s’échappait une eau brunâtre.
« Yes, l’eau froide coule mais elle est sale et pour l’eau chaude dans l’autre salle de bain, il y a aussi de la pression maintenant ? ».
« Ha Mam, le ballon fonctionne très bien, l’eau est chaude mais ce n’est pas possible d’avoir de la pression,  on ne peut pas mettre la pressure pompe sinon tout va encore exploser ».


Désespérée, je regarde le filet d’eau suinter sur le sol « Oui, mais moi je veux de l’eau chaude et de la pression, je veux pouvoir prendre ma douche,  c’est pour cela que je demande des réparations depuis trois mois et pourquoi l’eau est toujours marron ? » lui dis-je, hystérique.

« Ce n’est pas possible, Mam, et pour l’eau marron, je vous l’ai dit, il faut changer le pipeline mais le manager ne veut pas. Il ne faut plus utiliser l’eau c’est dangereux pour la peau » me répond-il en haussant les épaules et en dodelinant de la tête, impuissant. Il n'a plus la force de me convaincre que l'eau est propre !
Moi aussi, je mets la photo sinon vous ne me croiriez pas.
 
 Et il me plante sur mon palier, enfourche sa moto, bien content de quitter cette maison de fous. Une pensée folle me traverse l’esprit, et si j’en faisais autant ! 

Le lendemain, vaincus, nous déménagions à l’hôtel.
C’était il y a un peu plus de trois semaines… Trois semaines de calme et de repos absolu. Depuis, nous avons trouvé une autre maison et nous déménageons à la fin de la semaine…Pour de nouvelles aventures ???