J’ai pris conscience, il y a peu de temps, que j’avais souvent tendance à commencer mes phrases par « tu veux que je te fasse rire » ou bien par « tu ne vas pas me croire ! ». Je crois que le phénomène s’est amplifié depuis que je suis en Inde.
Je l'avais annoncé sur facebook, nos aventures dans notre petite maison au bord de la mer n'étaient pas terminées : « Les hommes en blanc » sont revenus mardi dernier, le gouvernement local comme les appellent les gens de la maison. Et ils n’étaient pas contents, les hommes en blanc du gouvernement local, pas contents du tout de voir que le propriétaire faisant fi de l'avertissement, avait remis un grillage sur le muret. J’ai su tout de suite qu’ils n’appréciaient pas la plaisanterie aux cris vociférés à travers la clôture. Je ne comprends pas le tamil mais je pense que ce n’était pas des compliments.
Surgissant de nul part, le manager débarque, affolé, monte sur le mur et saisit un poteau pour essayer de sauver la dizaine de mètres de grillage qui n’avait pas encore fléchi sous le bulldozer. Le conducteur n’a absolument pas failli à sa tâche et a continué, imperturbable, à détruire inexorablement le mur, obligeant le manager à bondir au sol et à abandonner son sauvetage dérisoire. J’ai bien cru qu’il allait finir dans les mâchoires de la machine.
Cette fois-ci, je peux commencer mon billet par les deux : Vous voulez que je vous fasse rire mais vous n’allez pas me croire !
J’ai fait la rencontre avec un autre aspect de la culture indienne la semaine dernière, je savais les indiens fatalistes, plutôt patients, surtout dans l’art de rendre impatients les occidentaux mais je ne les savais pas aussi joueurs notamment avec les lois. Il est vrai que la richesse peut donner tous les pouvoirs !
Mardi dernier, deux jours avant la journée de la femme, il s’est produit un nouvel évènement dans la saga de notre maison, le dernier avant que nous la quittions… mais parlons tout d’abord de la journée de la femme indienne… qui a probablement commencé, pour la plupart d’entre elles, comme toutes les autres journées, très tôt vers 5h du mat et a fini très tard dans la nuit.
Dans le Times of India, j’ai trouvé seulement deux articles faisant référence à la Woman’s day…
J'ai pris ces photos au bord du Gange, à Varanasi (Bénarès) où tout indien rêve d'aller au moins deux fois, la première pour prier et la dernière pour mourir... J'ai eu la chance d'aller y passer 4 jours... Fabuleux, une plongée au coeur de la religion hindoue où la vie et la mort se côtoient sans préjugés... Ma plus belle découverte depuis que je suis en Inde... Billet à venir
Une de mes voisines, femme de pêcheur |
Le premier article « Driving the change » indiquait que le nombre de permis de conduire accordés aux femmes a doublé depuis 2002. A la bonne heure ! Toutefois, le pourcentage de conductrices reste faible par rapport à celui des hommes : 7 % en 2002, 10 % en 2010 et 14 % en 2011.
Repasseuse de rue à Bénarès |
Si à nos yeux d’occidentaux, ce n’est pas encore le début d’une grande révolution de la condition féminine en Inde, c’est, pour Durga qui a créé une école de conduite pour les femmes en 1995, un long chemin parcouru depuis une dizaine d’années : «Pour moi, posséder un véhicule signifie la liberté. Il ne signifie pas seulement se limiter à la maison et la cuisine. Avant les années 1990, les femmes sortaient très peu à l’extérieur" dit-elle. C’est depuis cette date, alors que les femmes commençaient à entrer dans le monde du travail avec des diplômes de technicien ou d’ingénieur, leur donnant une autonomie financière, qu’elles ont commencé à conduire. A priori, les changements sont visibles également dans les zones rurales où la femme a pris place aux guidons de scooter et de cyclomoteurs. Depuis six ans, les fabricants planchent sur le sujet et travaillent sur des modèles automatiques et plus légers.
Si à Chennai, il est encore assez rare de croiser des femmes au volant d’une voiture ou d’un scooter, dans les villes comme Delhi et Mumbai, c’est plus courant.
Femme à Bénarès |
Le deuxième article stipulait que le 8 mars était également la journée mondiale du rein et que la femme indienne, bien plus altruiste que l’homme indien, contribuait largement aux dons d’organes.
Un docteur, chef d’hôpital déclarait qu’en Inde, si le patient est un enfant, c’est presque exclusivement la mère qui lui fait don d’un organe. Une évidence sûrement car la mère lui donne la vie une deuxième fois.
Par contre, la suite de l’article m’interpelle un peu plus… Sur 90 greffes entre époux, 70% des donneurs (pour ne pas dire des donneuses mais on le sait déjà, le masculin l’emporte sur le féminin) sont des femmes.
Le même médecin précise que même si une femme a moins de chance que son mari se dévoue pour elle, cela ne la dissuade pas de faire des dons d’organes.
Serait-ce vraiment par choix ou par obligation ?
Encore plus étrange, les femmes sont plus nombreuses que les hommes même dans les greffes dans lesquelles le donneur et le receveur ne sont pas liés par des liens familiaux.
A ce jour, depuis le début de l’année, sur les 95 greffes, 68 donneurs sont des femmes et 27 sont des hommes. Par contre qui sont les heureux bénéficiaires des 68 dons faits par les femmes ? 70 sont des hommes et seulement 25 sont des femmes.
Y aurait-il une explication scientifique à ces chiffres ? Les femmes seraient-elles moins malades que les hommes ? Ont-elles l’esprit de sacrifice ?
La question a été posée au même médecin qui a répondu :
« Une des raisons majeures est que c’est la femme ou la mère qui s’occupe du bien-être des enfants, de la famille et voire de la communauté au sens large. C’est son rôle dans la société indienne.
D'un autre côté, les hommes peuvent être récalcitrants aux dons d'organes, car ils sont soutiens de famille. Ce sont eux, le plus souvent, qui subviennent financièrement au foyer. S’ils disparaissent, ils laissent toute une famille sans ressources. »
D'un autre côté, les hommes peuvent être récalcitrants aux dons d'organes, car ils sont soutiens de famille. Ce sont eux, le plus souvent, qui subviennent financièrement au foyer. S’ils disparaissent, ils laissent toute une famille sans ressources. »
Dévouées corps, organes et âmes !
A méditer et happy Woman’s day !
Trois générations de femmes au bord du Gange à Bénarès |
Je l'avais annoncé sur facebook, nos aventures dans notre petite maison au bord de la mer n'étaient pas terminées : « Les hommes en blanc » sont revenus mardi dernier, le gouvernement local comme les appellent les gens de la maison. Et ils n’étaient pas contents, les hommes en blanc du gouvernement local, pas contents du tout de voir que le propriétaire faisant fi de l'avertissement, avait remis un grillage sur le muret. J’ai su tout de suite qu’ils n’appréciaient pas la plaisanterie aux cris vociférés à travers la clôture. Je ne comprends pas le tamil mais je pense que ce n’était pas des compliments.
J’étais passée pour préparer le déménagement prévue le vendredi pour notre nouvelle maison sachant que depuis début février, nous avions déserté les lieux pour l’hôtel.
Ils ont hélé le watchman papy biker, le chauffeur, le jardinier et la maid pour les interroger. Moi, ils m’ont ignorée… mais je suis restée à l'extérieur pour être sûre qu’ils ne malmènent pas mon équipe de choc. C’est qu’il faut se méfier du local gouvernement qui a tout pouvoir surtout sur les pauvres gens. D’autant qu’ils étaient accompagnés d’un policier, un seul cette fois-ci… mais aussi accompagnés d’un beau bulldozer jaune flamboyant neuf. J’ai tout de suite pensé en le voyant que ce n’était pas pour nettoyer la plage qui pourtant, en a bien besoin. Celui-ci, après quelques manœuvres habiles de son chauffeur, s’était posté au coin du jardin, pelle menaçante prête à attaquer.
« Mam, ils veulent savoir qui a reconstruit le mur au même endroit, je leur ai dit que c’était le manageur. Ils veulent aussi le numéro du propriétaire » me dit Mani.
« Dites leur que je n’ai pas le numéro et demandez-leur ce qu’ils vont faire » répondis-je
« Mam, ils vont casser de nouveau le mur, ils disent que le terrain n’appartient pas au propriétaire et qu’il ne l’a pas acheté » me répondit-il
Pourtant mon propriétaire est richissime et très connu à Chennai.
« Vous êtes sûr d’avoir bien compris et quand vont-ils démolir ? »
« Tout de suite, Mam »
Sur ces entrefaites, je cours chercher mon appareil photo car je veux, cette fois-ci, fixer l’évènement sur la flash card… Mais le gouvernement local n’était pas d’accord et par traducteur interposé m'a interdit de prendre des photos pendant l’action ! Des sentinelles se sont mises en place dans mon jardin pour me surveiller…Ubuesque !
A ce moment-là, le conducteur du bulldozer a fait vrombir le moteur et l’engin après avoir fait une brèche dans le mur, a pénétré dans le jardin pour se lancer sans autre forme de procès, à l’assaut du mur.
Si la dernière fois, il en avait détruit à peine la moitié, cette fois-ci, il a mis du cœur à l’ouvrage et l’a tout simplement pulvérisé, emportant tout sur son passage, le muret, le portail avec ses lanternes, la haie de végétaux , le nouveau grillage fraichement posé.
Cachée derrière un rideau, j'ai pris quelques photos de l'engin en action.
Surgissant de nul part, le manager débarque, affolé, monte sur le mur et saisit un poteau pour essayer de sauver la dizaine de mètres de grillage qui n’avait pas encore fléchi sous le bulldozer. Le conducteur n’a absolument pas failli à sa tâche et a continué, imperturbable, à détruire inexorablement le mur, obligeant le manager à bondir au sol et à abandonner son sauvetage dérisoire. J’ai bien cru qu’il allait finir dans les mâchoires de la machine.
Deux minutes plus tard, c’était fini… Pendant ce temps, je n’avais pas vu arriver un type en moto, le paparazzi du journal local.
« Mam, c’est le journal, c’est pour prendre des photos » me dit Jayanthi.
Et les hommes en blanc du gouvernement local sont repartis dans leurs voitures, le bulldozer les précédant. Mais cette fois, le gardien n’a pas eu besoin de courir ouvrir la porte… ou bien il n’a pas couru assez vite ou bien le conducteur du bulldozer devait avoir une course urgente à faire ou un nouveau mur à démolir car il ne s’est pas arrêté et a réduit les piliers et la grille en bouillie. Incredible India !
quelle incroyable chute... à cette histoire ! Que vont devenir toutes ces personnes qui travaillent pour vous ? elles vous suivent dans la nouvelle maison ?
RépondreSupprimerExcept les gardiens... tout le monde suit, les chauffeurs bien sûr mais aussi Jayanthi, la bonne et Sivakumar le jardinier. Depuis que nous sommes à l'hôtel, nous les avons mis en congés payés et ils sont revenus depuis lundi pour mettre en état la nouvelle maison. Déménagement définitif demain...
RépondreSupprimerJe suppose que vous êtes bien installés maintenant... et j'espère que vous appréciez votre nouvelle maison.
RépondreSupprimerDe notre côté nous serons là dans deux semaines pour le voyage exploratoire !