Dans le journal ce matin, c’est annoncé, les coupures de courant programmées vont passer à deux heures par jour et à huit d’heures d’affilée une fois par mois… sans compter les coupures intempestives.
Il n’y a pas assez d’électricité en Inde et les chaleurs de l’été arrivent à Chennai, selon la météo, à la fin de la semaine. Nous devrions passer de 31 à 38°C et avec l’utilisation massive des climatiseurs et des ventilateurs, la demande va encore augmenter. Jayalalitha, la ministre du Tamil Nadu ne présage pas d’amélioration, les coupures pourraient même être plus importantes.
C’est une catastrophe pour les industries, les commerçants, les restaurateurs. Mais pourquoi ne pas en acheter ? La TNEB, la compagnie d’électricité d’état déclare qu’elle est impuissante et fauchée ! Le Tamil Nadu n’est pas assez riche pour acheter de l’électricité aux fournisseurs.
Fleurs pour les offrandes des temples |
Lu aussi ce matin, en 3ème page, un gros titre qui a attiré ma curiosité, un peu morbide, je dois l’avouer : Un cochon enragé battu à mort après avoir mordu deux golfeurs et un blanchisseur sur un parcours de golf.
Bizarre, je n’ai jamais vu de porc, de surcroît enragé à Chennai, ni dans les rues, ni dans mon assiette et on peut se demander ce que faisaient les quatre protagonistes réunis sur un parcours de golf !
Un cochon enragé a été battu à mort sur un parcours de golf après avoir mordu deux golfeurs. Il avait auparavant mordu un blanchisseur qui dormait au bord du canal. Alors que les deux golfeurs ont été soignés dans un hôpital privé, le blanchisseur est en cours de traitement dans un hôpital public.
Un vétérinaire universitaire a autopsié l'animal et a constaté qu'il était infecté par la rage. Il a commenté : «Le cochon n'est généralement pas un animal agressif. Cet animal pourrait avoir été mordu par un chien enragé ou les rongeurs. C'est pourquoi il a attaqué les gens."
Vers 16 heures, le cochon, qui flânait sur le parcours de golf, s’est jeté sur les deux hommes d’affaires. Ils marchaient vers le troisième trou quand le porc les a attaqués. Ils ont été mordus à la cuisse et à la jambe. Alors que la plupart des golfeurs ont couru pour sauver leur vie, quelques-uns, avec les caddies, ont battu l'animal à mort avec des clubs de golf.
Un vétérinaire universitaire a autopsié l'animal et a constaté qu'il était infecté par la rage. Il a commenté : «Le cochon n'est généralement pas un animal agressif. Cet animal pourrait avoir été mordu par un chien enragé ou les rongeurs. C'est pourquoi il a attaqué les gens."
Vers 16 heures, le cochon, qui flânait sur le parcours de golf, s’est jeté sur les deux hommes d’affaires. Ils marchaient vers le troisième trou quand le porc les a attaqués. Ils ont été mordus à la cuisse et à la jambe. Alors que la plupart des golfeurs ont couru pour sauver leur vie, quelques-uns, avec les caddies, ont battu l'animal à mort avec des clubs de golf.
Le témoin fait bien d’insister sur la légitime défense des golfeurs car à Chennai, on ne badine pas avec les maltraitances d’animaux et les associations de défense des animaux sont actives.
Dernièrement, un camionneur a été arrêté et risque cinq ans de prison car il transportait dans de mauvaises conditions une quarantaine de vaches dans son camion. L’article disait, textuellement, que la police avait volé au secours des quarante vaches évacuées ensuite dans une clinique où des vétérinaires les ont soignées avec empressement… probablement pour les remettre dans la rue à errer à la recherche de quelques déchets dans les poubelles avec leurs compagnons d’infortune, les chiens galeux, estropiés et malades.
Qu’on se le dise, je n’ai rien contre la défense des animaux, bien au contraire, mais tout ceci n’est-il pas un peu décalé dans un pays où on fait bien peu de cas de certaines vies humaines !
Et qui se préoccupe des conditions de transport des travailleuses et des travailleurs de force entassés comme des sardines dans les bennes des camions, sous un soleil de plomb ?
Et qui se préoccupe de certaines femmes qui, à longueur de journée, juchent des briques sur leur tête pour les acheminer au fur et à mesure de la montée des murs pendant que d'autres évacuent de la même façon, les terres de remblais ?
En Inde, il n’y a que la vache et les dieux qui sont sacrés !
De ma fenêtre d'hôtel, femmes portant les pierres une par une pour la construction d'un immeuble |
Nous aussi, nous participons à la sauvegarde animale, nous avons épargné une mort certaine à un visiteur régulier de notre jardin, bien que celui-ci ne me soit pas particulièrement sympathique.
Nous le savions depuis un moment, il passait de temps en temps chez nous. Nous avions été prévenus que ces bestioles indésirables pouvaient s’inviter d’où la nécessité d’entretenir le jardin régulièrement. Selon les descriptions de notre joyeuse troupe, le reptile, d’un jour à l’autre, pouvait être aussi bien de la taille d’une couleuvre que celle d’un anaconda.
« Mam, hier, j’ai vu un serpent sur le côté du jardin » me dit Mani, mon chauffeur, en exhibant sous mon nez, comme preuve, une magnifique mue au bout d’un bâton.
« Yes, Mam, un serpent long comme ça » rétorque le chauffeur de JM et joignant le geste à la parole, écarte les bras de chaque côté, ce qui faisait bien une envergure de deux mètres.
« Mam, ce matin j’ai vu un serpent enroulé autour d’une branche dans l’arbre là-bas » me dit un des gardiens quelques semaines plus tard en prenant soin d’éviter l’arbre de la discorde lors de sa ronde.
Jayanthi avait eu aussi droit à son apparition, quelques temps plus tard.
« Mam, mam, un serpent, un serpent juste en face de moi quand j’ai voulu ramasser une noix de coco ! » se pâmait-elle la main sur le cœur, prête à défaillir.
Bien sûr, le reptile avait toujours disparu avant que je ne le voie.
Et une nuit, c’est JM qui a fait sa rencontre, rencontre rapprochée car en voulant éteindre les interrupteurs des lumières extérieures à l’abri dans une boîte, il s’est retrouvé avec la bestiole dans la main. Elle était lovée autour des interrupteurs pour passer la nuit.
Le lendemain, JM armé d’un parapluie pour ouvrir le couvercle à distance respectable et moi juste derrière avec mon appareil photo pour fixer l’évènement à la postérité, courageusement, nous sommes allés admirer la bête.
Au moment où JM a soulevé le battant, le serpent, sûrement surpris par la lumière vive, a jailli en l’air comme un diable de sa boîte, nous fichant la peur de notre vie et s’est réfugié dans un bosquet. Inutile de vous dire que je n’ai pas eu le temps de prendre la photo !
Nous avons donc appelé le chasseur de serpents, pas celui qui massacre la bête sur place mais celui du zoo, plus pacifique qui le ramène vivant avec lui. Je ne sais pas pourquoi, mais nous pensions voir arriver un gaillard, genre rangers avec bottes et chapeau d’aventurier de l’arche perdue, au volant d’un 4x4 avec au minimum un filet et un crochet pour immobiliser la bestiole, comme nous l’avions souvent vu dans les émissions du style Discovery channel. En fait, une demi-heure plus tard, mon chauffeur a récupéré le dit aventurier, un jeune gringalet avec un sac à dos, à l’arrêt de bus proche de la maison.
J’avoue que le gringalet m’a épatée. Courant après le reptile qui, entre-temps, avait quitté son bosquet et glissait à toute vitesse le long de la terrasse, il l’a saisi prestement par le bout de la queue. La bestiole se tortillait dans tous les sens pour essayer de remonter vers la main qui la tenait fermement mais le dompteur, par un habile jeu du poignet de droite à gauche, l’en empêchait et petit à petit, l’a calmée en lui posant la tête sur le sol. Nous n’avons pas bien compris le nom de l’indésirable dont la morsure donne de sérieux problèmes dermatologiques. Ensuite, il m’a demandé une taie d’oreiller, a glissé le serpent à l’intérieur, a fait un nœud et est reparti prendre son bus, à pied, car mon chauffeur a refusé de le laisser monter dans sa voiture avec sa proie.
J'ai imaginé la panique dans le bus, toujours bondé à Chennai, si le serpent s'échappait pendant le voyage, anecdote tout à fait crédible puisque nous sommes en Inde et que tout peut arriver, surtout l'incrédible.
Âmes sensibles s'abstenir...
Source Times of India - internet |
Et l’incrédible, c’est tous les jours dans le journal. La semaine dernière, lors du transport en ambulance d’un corps pour la morgue, la porte arrière du véhicule s’est ouverte accidentellement et la civière avec le corps a roulé sur la route sur une bonne distance, laissant les automobilistes qui suivaient (d’après le journaliste) en état de choc.
Et toujours avec la photo à l’appui… sinon nous n’y croirions pas.
Et notre watchman, le papy biker siffleur, avec son chapeau de cow-boy et ses baskets blanches, s’adressant en tamil à mon chauffeur mais en me regardant avec un sourire moqueur, la moustache frisante : « Mam, ce serpent, il est tout petit, moi, il y a trois jours, sous les fils du linge, j’ai vu un serpent gros comme ça » dit-il en tâtant son biceps, certes loin d’égaler celui de Arnold Schwarzenegger au sommet de sa gloire mais quand même de bonne taille, à peu près de la taille d’un python !
« Mais pourquoi vous n’avez rien dit avant? » lui répondis-je
« Mam, si je vous avais dit qu’il y avait un serpent près de la maison, vous auriez eu peur » me répondit-il, goguenard avec juste un brin de machisme.
Il y avait bien deux serpents différents, la vipère attrapée, il restait l’anaconda !… Abasourdie par cette révélation tardive, je frémissais en réfléchissant au nombre de fois où j'avais détendu mon linge alors que la nuit était déjà tombée !
Et du côté de notre logis.
L’extinction de la pompe à pression d’eau avait résolu provisoirement les problèmes de fuite mais nous étions presque revenus au point de départ puisque nous retournions quotidiennement, sous notre mince filet d’eau, certes chaude cette fois-ci mais d’une couleur douteuse jusqu’au retour du plombier deux jours plus tard avec une batterie de flexibles pour changer toutes les arrivées d’eau. Ni une, ni deux, les quatre lavabos de la maison se sont retrouvés à terre. J’avoue que je suis restée baba devant sa prestation, enfin, nous avions un expert !
Tout s’est bien passé jusqu’à ce que j’entende dans l’après-midi la maid crier « Mam, mam, le sol bouge quand je marche dessus ». Je cours vers la piscine où je vois Jayanthi surfer sur la pelouse qui se soulève et à côté d’elle un magnifique geiser rejetant une eau boueuse. Il faut préciser que le gazon n'a pas été semé mais posé tel un tapis d'herbe prêt à poser.
A priori, la pressure pompe avait encore frappé et une des canalisations extérieures avait cédé. Là, j’ai vu quelques signes d’impatience et de découragement passer furtivement sur le visage du plombier déjà fort occupé à replacer tous les lavabos gisant sur le sol et alerté par les cris. Allais-je voir enfin un indien perdre son calme ? Je passe sur les détails de réparation... A la fin de la journée, le plombier m’appelle pour tester toutes les réparations.
« Mam, tout est réparé » me dit-il en montrant fièrement les flexibles neufs, les lavabos remis à leur place initiale, la fuite extérieure rebouchée, le voyant du ballon scintillant et en faisant couler à fond les robinets d’eau froide d’où s’échappait une eau brunâtre.
« Yes, l’eau froide coule mais elle est sale et pour l’eau chaude dans l’autre salle de bain, il y a aussi de la pression maintenant ? ».
« Ha Mam, le ballon fonctionne très bien, l’eau est chaude mais ce n’est pas possible d’avoir de la pression, on ne peut pas mettre la pressure pompe sinon tout va encore exploser ».
Désespérée, je regarde le filet d’eau suinter sur le sol « Oui, mais moi je veux de l’eau chaude et de la pression, je veux pouvoir prendre ma douche, c’est pour cela que je demande des réparations depuis trois mois et pourquoi l’eau est toujours marron ? » lui dis-je, hystérique.
« Ce n’est pas possible, Mam, et pour l’eau marron, je vous l’ai dit, il faut changer le pipeline mais le manager ne veut pas. Il ne faut plus utiliser l’eau c’est dangereux pour la peau » me répond-il en haussant les épaules et en dodelinant de la tête, impuissant. Il n'a plus la force de me convaincre que l'eau est propre !
Moi aussi, je mets la photo sinon vous ne me croiriez pas.
Et il me plante sur mon palier, enfourche sa moto, bien content de quitter cette maison de fous. Une pensée folle me traverse l’esprit, et si j’en faisais autant !
Le lendemain, vaincus, nous déménagions à l’hôtel.
C’était il y a un peu plus de trois semaines… Trois semaines de calme et de repos absolu. Depuis, nous avons trouvé une autre maison et nous déménageons à la fin de la semaine…Pour de nouvelles aventures ???
Incredible India ...
RépondreSupprimermmmmhhh... on doit se sentir propre quand on se lave avec une eau aussi pure !
RépondreSupprimerBlague à part, je suis ravie d'apprendre que vous avez enfin trouvé une maison, je vous souhaite de tout coeur de ne plus avoir à en changer.
Pour les serpents, c'est flippant !