Nous le savions, après l'accalmie, il devait pleuvoir de nouveau, la mousson est normalement installée jusqu’en décembre.
Nous sommes partis faire une escapade de deux jours à Bombay (récit et photos dans prochain billet, l’actualité du jour étant à la mousson) et il pleuvait des cordes à Chennai quand nous avons gagné l’aéroport jeudi matin de bonne heure… Le thermomètre a atteint des baisses spectaculaires avec un minimum de 22°C !
Pour nous c’est la première mousson, normal que nous soyons impressionnés mais pour les indiens c’est la énième et nous avons l’impression pourtant que c’est la première pour eux également !
Tous les jours, dans le Times of India, les photos d’inondations s’étalent sur les premières pages à renfort d’articles sur les réservoirs qui débordent, la colère des habitants dont les maisons sont inondées, les coupures d’électricité, la propagation des maladies, les dizaines d’arbres qui sont déracinés, les véhicules bloqués dans l’eau, entrainant des problèmes de trafic indescriptibles et des conditions sanitaires déplorables toujours pour les plus pauvres.
Mais que fait l’Etat du Tamil Nadu pour prévenir ces inondations ? Aux dires des habitants, rien ou pas grand-chose, Il attend que ça passe comme l’année dernière et les années précédentes, Il promet de prendre des mesures, de dégager des budgets pour agrandir les réservoirs, d’installer des systèmes de drainage, etc… Il fait confiance à la météo rassurante qui dit que les pluies devraient se calmer prochainement (après la pluie, le beau temps, c'est bien connu).
En attendant, Il ré-ouvre les vannes des réservoirs de cette eau précieuse qui manquera peut-être si la sècheresse sévit dans quelques mois, pour la laisser s’écouler dans la rivière Adyar. Il rassure en affirmant que la dite rivière ne débordera pas alors que des résidents témoignent qu’une cinquantaine de maisons du quartier de Nandambakkam près de l’aéroport ont été inondées après l’évacuation de l’eau du réservoir. Ces mêmes habitants affirment que la rivière ne peut plus s’écouler normalement à cause de la construction d’un pont supportant une nouvelle piste pour l’aéroport. Mais qu’ils se rassurent, un « responsable » de l'aéroport principal a déclaré que le niveau d'eau, avait atteint le pont secondaire mais que la piste et le pont principal étaient encore à deux mètres de l’eau.
« La structure a été construite pour résister aux inondations et nous espérons qu’elle résistera à la montée des eaux », a déclaré textuellement le fonctionnaire. Il a ajouté que la construction de ce pont de 200 m à travers le fleuve, soutenu par 477 piliers en béton n'avait aucune incidence sur le flux normal de la rivière.
«Avant la construction de la piste, nous avons fait une étude et avons constaté que la rivière pourrait s’élargir de 140m à 200m. Il y a assez d'espace pour que l'eau s’écoule sous le pont», a ajouté une autre autorité, dite « Autorité aéroportuaire de l'Inde ».
«Avant la construction de la piste, nous avons fait une étude et avons constaté que la rivière pourrait s’élargir de 140m à 200m. Il y a assez d'espace pour que l'eau s’écoule sous le pont», a ajouté une autre autorité, dite « Autorité aéroportuaire de l'Inde ».
A quoi les résidents répondent qu’avant la construction, l’excès d’eau provenant de l’écoulement du réservoir et se déversant dans la rivière pouvait s’écouler naturellement en rigoles sur les terres. Maintenant, il n’y a plus d’espace pour l’écoulement naturel et l’eau monte dans les habitations. Le fameux problème des eaux de ruissellement que l’on retrouve dans tous les pays du monde !
Bon, la prochaine fois que nous décollons de Chennai et qu’il pleut, faut-il s’inquiéter du choix de la piste de décollage en plus de vérifier la liste noire des avions ?
Dans le journal ce matin…des détails pourraient faire sourire au-delà de la tragédie…tant ils paraissent incongrus...
" Au moins 11 personnes sont mortes accidentellement dans des inondations ce week-end.
V Vasuki, 14 ans, se baignait dans la rivière dimanche après-midi quand elle a été emportée par des crues éclair.
En Villupuram, Papayee Ammal, 47 ans, a été électrocuté samedi soir et S Saravanan, 28 ans, a été retrouvé mort près d'un lac le dimanche matin.
R Murugan, 25 ans a été électrocuté quand il a essayé d'éteindre une lumière.
A Madurai, un homme nouvellement marié a été électrocuté alors qu'il tentait de fixer un interrupteur.
A Madurai, un homme nouvellement marié a été électrocuté alors qu'il tentait de fixer un interrupteur.
Sakthivel, 42, conseiller municipal, a été électrocuté alors qu'il était de réparer un moteur dans sa ferme.
Une femme de 57 ans originaire de Periyakulam a succombé à ses blessures suite à l'effondrement d'un mur.
R Karthik, un gendarme, a été électrocuté dans son poste de police en utilisant son téléphone portable qui était branché sur une prise électrique…
Mais toutefois le personnel de service d'incendie a sauvé 14 personnes qui étaient prises dans des crues. Deux décès ont été signalés dans Pudukottai district. Des villages situés au bord des rivières de l’Etat du Tamil Nadu ont été évacués. La ministre du Tamil Nadu, J Jayalalithaa a annoncé que chacune des familles des victimes recevraient 2 lacks (environ 3000 euros)..."
Conclusion, les indiens n’ont plus qu'à prier maintenant que les réservoirs sont pleins à déborder, pour que la pluie s’arrête de tomber. Il serait bon que Chennai ne fasse pas concurrence à Bangkok !
Entre-temps, je me suis renseignée auprès de mon autorité compétente à moi (c'est à dire mon chauffeur)... Il est hindou mais à priori n'est pas un fervent pratiquant. Le voyant tous les matins peinturluré de blanc et rouge entre les yeux, je pensais qu'il allait au temple tous les jours... Que nenni ! C'est uniquement de la coquetterie. Il m'a même confié, à voix basse et avec un sourire fendu jusqu'aux oreilles via son rétroviseur, que non seulement il mangeait de la viande, mais aussi de la viande de boeuf ! Mais uniquement en dehors de chez lui. A priori, la religion commence ou s'arrête sur le pas de sa porte, tout dépend s'il sort ou s'il rentre !
Donc, le Dieu à prier, en pareilles circonstances est Indra, maître de la foudre, de l'atmosphère, des orages, de la pluie. Loin d'être un bellâtre, il est représenté sous les traits d'un homme puissant, au teint rougeâtre, avec 2 ou 4 longs bras, les yeux bandés et une fleur de lotus. Il est aussi considéré comme le dieu de la fertilité avec l'eau qu'il apporte à la terre. Il occupait une place importante dans le panthéon hindou et était le défenseur de l'humanité et des dieux contre les forces de mal. Il avait aussi le pouvoir de ranimer les guerriers morts qui ont péri sur le champ de bataille... Tout ceci au passé car à priori il s'est fait griller sa place au profit de Vishnu et Shiva et ses pouvoirs ont été amoindris par la même occasion !
Hier matin, j’ai accompagné Mathieu à l’école et nous avons pu nous rendre compte « de visu ». Un livreur de bouteilles d’eau, peut-être celui qui nous livre nos précieuses bombonnes d’eau minérale chaque semaine et sans qui nous ne pourrions pas vivre, s’est aventuré dans les flots avec son rickshaw et attend sans doute que quelques bonnes âmes lui portent secours. De l’entraide, il y en a… peut-être l’habitude de ne compter que sur eux-mêmes.
Et de notre côté, tout va bien, les privilégiés que nous sommes sont au sec pour le moment. La mer gronde et de la maison, je vois les vagues s’écraser dans un vacarme épouvantable. Les vitres sont devenues opaques avec les embruns, une couche d’humidité recouvre irrémédiablement tous les meubles pourtant essuyés chaque jour, une petite odeur de pourri flotte dans l’air, le sol décapé tous les matins est collant le soir et tous les insectes se réfugient à l'abri chez nous… que de menus détails…
Au moment où j’écris ce billet, nous sommes mardi 29 novembre et effectivement le soleil tente une percée dans le ciel gris… La météo serait-elle fiable en Inde ?