Chennai n’est pas une ville touristique et est sans intérêt mis à part les temples. Elle n’a que pour avantage d’avoir un aéroport et d’être la porte de l’Inde du sud. Ce qui est intéressant, c’est la vie qui l’anime : le spectacle est permanent dans la rue mais également chez nous.
J’ai hésité avant de démarrer ce blog car j’avais peur de ne pas avoir assez d’éléments pour l’alimenter régulièrement et l’objectif n’était pas de vous ennuyer avec notre quotidien.
J’ai hésité avant de démarrer ce blog car j’avais peur de ne pas avoir assez d’éléments pour l’alimenter régulièrement et l’objectif n’était pas de vous ennuyer avec notre quotidien.
J’étais loin d’imaginer que les problèmes journaliers inhérents à la vétusté de la maison et à sa gestion allaient s’enchainer à un rythme aussi soutenu. Heureusement, le cocasse des situations que nous vivons à travers les interventions des différents réparateurs qui envahissent la maison font passer un peu la pilule. Pour le moment, c'est ce quotidien que je vous raconte car c'est à travers tous ces gens que la culture indienne rentre chez nous par la grande porte tous les jours.
La maison, vous savez cette maison si jolie à l’extérieur que vous avez vue en photo sur mon premier billet, elle ressemble certains jours à un champ de bataille. Je pense que plus nous faisons réparer, plus les problèmes s’accumulent. A priori, nous ne vivons rien d'exceptionnel, tout le monde autour de moi me rassure en me disant que c’est normal, nous sommes en Inde. Par moment, tout de même, je me demande si nous n’avons pas tiré le mauvais numéro. C’est vrai, la maison a une vingtaine d’années, un âge canonique pour une construction indienne !
A bout d’arguments devant nos réclamations, le propriétaire a accepté d'entrouvrir son porte-monnaie et de changer deux air-climatisés pour commencer, sauf que le réparateur s’est trompé et en a remplacé une qui fonctionnait…
Il a fallu persuader le « gaz man » que la petite odeur persistante de gaz dans la cuisine n’était pas le dernier parfum d’ambiance occidental à la mode rapporté lors de mon dernier voyage en France mais qu’il y avait bien une fuite quelque part. Quand je lui ai fait remarquer que le tuyau de la bouteille était périmé depuis un an, il m’a regardée d’un drôle d’air qui voulait dire : elle est folle, il est tout neuf ce tuyau, il n’a pas encore 100 ans !
Et l’électricien, que dis-je, les électriciens qui défilent les uns derrière les autres, depuis trois mois pour torturer le pauvre ballon d’eau chaude qui a la gentillesse de nous délivrer un mince filet d’eau pour notre douche quotidienne.
- « Vous ne croyez pas que c’est plutôt un problème de pression d’eau car l’eau est chaude mais insuffisante, ce n’est peut-être pas le ballon qui est en panne ? »ais-je bien tenté de dire au dernier.
Enfin, en réalité, je ne lui dis rien du tout car il ne parle pas un mot d’anglais. C’est Jayanthi, la maid qui traduit comme elle peut.
- « Non mam, c’est le ballon, il faut le changer », me répond-il d’un air suffisant, après avoir tenté de me convaincre que les trois gouttes qui larmoient du pommeau rouillé de la douche suffisent bien à nos ablutions alors que lui-même n'a probablement pas l'eau courante chez lui.
Ok, c’est lui l’expert, le ballon est livré (trois semaines plus tard) sauf que le remplacement du dit ballon n’a eu que pour effet de supprimer le dernier filet d’eau que voulait bien nous délivrer le précédent.
- « Mais vous ne pouvez pas partir, je n’ai plus d’eau du tout » fais je remarquer, agacée, à l’expert qui descend de l’escabeau et remballe ses outils, déjà prêt à enfourcher sa moto.
-« Mam, moi je suis électricien et mon travail c’est de fixer le ballon, c’est fait, maintenant si ça ne marche pas, il faut appeler le plombier».
Effectivement, sur le carton d’emballage du magnifique heater-water Smith de sa marque, il était inscrit « fit it and forget it »... Je ne pouvais plus rien dire…
Le propriétaire, devant l’urgence de la situation a accepté de remédier au problème en achetant une petite pompe à pression d’eau. Celle-ci, installée par le plombier et mise inopinément en marche samedi par le manager local pendant notre absence a inondé toutes les salles de bain et la cuisine. Maintenant nous avons de l’eau d’une belle couleur marron foncée : Peu habituées à être chahutées, les tuyauteries ont carrément explosés sous la pression soudaine et l’oxydation millénaire a été propulsée vers l’extérieur !
Demain, journée prévue pour changer le pipeline…
- « Big work » m’a prévenue le dernier plombier en date, avançant les lèvres en une moue dubitative tout en dodelinant de la tête d’un air menaçant qui ne présage rien de bon !
Vous connaissez sûrement la devinette :
Quelle est la différence entre être concerné et être impliqué ?
Dans l'oeuf au bacon, la poule est concernée, le cochon est impliqué !
Dans l'oeuf au bacon, la poule est concernée, le cochon est impliqué !
A Chennai , nous sommes comme la poule, concernés tous les jours et très souvent aussi impliqués, mais je vous rassure, gentiment impliqués par cette culture indienne et puis contrairement au cochon, nous ne risquons pas notre couenne ! Quoique !
Je me sens souvent obligée de répéter au début de chaque billet : je ne connais pas l’Inde et je ne connais pas les indiens. Loin de moi l’idée de juger ou de vous influencer, j’essaie de rapporter à travers notre quotidien les répercussions de la culture indienne sur notre logique occidentale.
Que dis-je la culture indienne ! Les cultures indiennes avec les mélanges de religions, la frontière infime entre le réel et l’imaginaire, entre la vie et la mort, le moyen-âge et la modernité. Avant notre départ, nous nous sommes faits vaccinés contre la fièvre typhoïde et l’hépatite A, mais s’il était un vaccin utile s’il existait, ce serait celui contre le choc culturel.
Il ne pleut plus, la mousson est terminée… Depuis Pongal, il ne pleut plus mais il ne fait pas encore un temps « normal » de printemps, il y a beaucoup de vent en bord de mer et l’eau de la piscine est toujours fraiche (on devient difficile). La semaine dernière, la mer était calme, presque plate, bleue azur. De notre terrasse, on pouvait se croire sur une plage paradisiaque mais après quelques pas, les tas de déchets vous rappellent que vous êtes en Inde. Je pense qu’il faut encore quelques mois pour passer sur ces « détails ». Et pourtant, qu’elle est belle cette plage sous le soleil !
Dimanche dernier, nous sommes allés voir les pêcheurs qui avaient déployé leurs filets juste en face de la maison. La pêche fut très bonne. Ils ont embauché Jean-Michel pour les aider. Un vrai team building qui l'a laissé épuisé. Plus d'une heure pour ramener le filet garni de petite friture sur la plage.
J’ai discuté un peu avec une femme de pêcheur qui parlait quelques mots d’anglais. Si j’ai bien compris, il y a des pêcheurs à qui appartiennent les bateaux et ceux qui aident à ramener les filets. A la fin, chacun négocie sa part de pêche auprès des pêcheurs des bateaux à la hauteur de l’aide qu’il pense avoir apportée. Les négociations sont âpres, animées à la limite de la bagarre… Question de survie ! surtout quand on voit les plus démunis tourner autour de la nasse pour grappiller à travers les jambes des pêcheurs, un par un, les quelques petits poissons qui ont réussi à s'échapper.
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La grande nouvelle c’est que nous allons déménager. Enfin, quand nous aurons trouvé notre nouvelle maison...
Tu devrais en faire un livre !!!
RépondreSupprimerEt bien ! tout ceci paraît en effet décalé avec ce que nous pensons comme normal (avoir de l'eau qui coule par exemple)... ici on n'avait plus d'eau chaude non plus (le tuyau a gelé, il faisait -8° depuis plusieurs jours) Comme quoi ! Bonne recherche pour la nouvelle maison
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