Proverbe indien : Tout européen qui vient en Inde acquiert de la patience s'il n'en a pas et la perd s'il en a.


mardi 3 janvier 2012

Jaipur ou le voyage improbable...

 


Si vous souhaitez que votre année soit déroutante, troublante, déconcertante, inattendue, imprévue, imprévisible, éblouissante, bizarre, étonnante, singulière, étrange, anormale, extraordinaire, curieuse, fantastique, sensationnelle, prodigieuse, bigarrée, formidable, admirable, merveilleuse, ahurissante, inconcevable, inouïe, fabuleuse, stupéfiante, exceptionnelle, accueillante, incroyable, effarante, phénoménale, impensable, inimaginable, invraisemblable, magique, mystérieuse, instantanée, enchantée, miraculeuse, féerique, paradoxale, rieuse, absurde, incompréhensible, contradictoire, rare, insolite, inconnu, inhabituelle, inaccoutumée, unique, renversante, excentrique, particulière, spéciale, originale, colorée, extravagante, inexplicable... Venez nous voir en Inde, vous ne serez pas déçus !
Bonne année. 

Une nouveauté sur ce blog, je vais essayer de mettre nos petites vidéos (merci Vanessa) mais je ne sais pas encore comment enregistrer dans You Tube, je pense que je dois ouvrir un compte, je vais creuser le sujet ! Donc un essai sur ce billet...

Pour Noël, destination Jaipur et Agra, tous les 5. Avion Chennai/Delhi 2h45 de vol. Delhi/Jaipur 5 h de voiture. Jaipur/Agra : 4h de voiture. Agra/Delhi : 5h de voiture.

Le voyage a failli ne pas se faire. Déjà, à l’aéroport de Delhi, nos sourires se sont un tantinet figés, quand nous n’avons pas reconnu notre nom parmi la centaine de petits panneaux qui s’agitaient fébrilement à la sortie de l’aéroport. C’est toujours difficile de repérer son nom, on roule des yeux dans tous les sens, on ne regarde que les panneaux sans croiser les regards de ceux qui les tiennent de peur qu’ils y aient confusion sur la personne. Quand on a reconnu le sien, on lève la tête vers le détenteur et là en général, la magie opère, les deux parties se fendent d’un sourire magistral … L’accueillant ravi d’avoir pris livraison de son paquet et de ne pas revenir bredouille et les accueillis ravis de ne pas être abandonnés dans l’aéroport d’un endroit parfaitement inconnu, parfois même inquiétant… 

Donc, cette fois-ci, point de petit bonhomme agitant le petit panneau sauveur « WELCOME VALADE ou WELCOME JEAN-MICHEL ». Pas trop grave à Delhi… sauf que nous ne restons pas à Delhi et que le voyage doit commencer de suite si l’on veut être à Jaipur avant la nuit.Téléphone… ouf quelqu’un au bout du fil qui nous dit qu’il nous attend à l’extérieur… Il est là, notre chauffeur, un jeune grand gaillard, notre compagnon de route qui sera aussi un peu notre guide pendant 4 jours, il est là mais sans la voiture. Il nous rassure, elle est au parking. 

A grandes enjambées, il nous précède et nous le suivons brimbalant valise et sacs à dos, heureusement que nous voyageons léger !
Nous prenons d’assaut la voiture que nous avons louée, une innova, le seul modèle en Inde assez grand pour notre petite famille, femme et enfants à l’arrière, le boss JM devant.  Je check si le gri-gri porte-bonheur indispensable est bien en place… un ganesh très design assorti d'un parfumeur d'ambiance non moins design !


 
Sans un mot, le chauffeur démarre, sort du parking et commence à rouler.

Au bout d'un moment, JM, d'ordinaire jamais affolé par les silences même les silences indiens, engage la conversation pour les présentations d'usage...
Notre conducteur a l'air de savoir où nous allons mais, tout de même, JM tente un timide « Ok ? Jaipur ? »
Le chauffeur opérant un violent quart de tête vers la gauche (je précise pour ceux qui ne le sauraient pas que la conduite se fait à gauche en Inde) regarde son passager avec une bonne tête d’ahuri, les yeux écarquillés, les sourcils en circonflexe rejoignant pratiquement la base de ses cheveux : Hein !? à Jaipur ?
JM toujours très calme : « Ben oui à Jaipur… »
Nous pouffons bêtement à l’arrière… c’est nerveux. Le chauffeur nous lance à travers le rétroviseur un regard désespéré. Peut-être veut-il que nous le sauvions de cette situation !
Et là, JM assène : « Oui à Jaipur et pour 4 jours »
Deuxième quart de tête encore plus violent (je commence à craindre pour ses cervicales), et là ce n’est plus de l’ahurissement mais de l’incompréhension totale que l’on lit sur son visage. Je ne sais pas si la caméra cachée existe en Inde mais notre chauffeur a dû penser pendant quelques secondes qu’il en faisait les frais.
A l’arrière, nous pouffons de nouveau… le comique de la situation et les mimiques ébahies du conducteur nous dirigent vers une crise de fou rire.

Nous continuons de rouler, le silence s’est installé dans la voiture… sauf les gloussements que nous étouffons tant bien que mal à l'arrière.
JM, stoïque, tente de nouveau « Ok !? Jaipur !?… ensuite Agra et retour à Delhi, j’ai réservé la voiture avec chauffeur pour 4 jours ».
Pas de réponse mais on sent que le chauffeur est en train de vivre un moment de profonde solitude. 

Je propose que nous nous arrêtions sur le côté car notre conduite sporadique provoquée par les surprises annoncées au conducteur nous vaut des coups de klaxons assourdissants, mais personne ne m’écoute.
Il continue de rouler en répétant plusieurs fois « Jaipur !!!???, Jaipur !!!???, Jaipur  !!!??? », tel un disque rayé. Manifestement il n’avait pas prévu ce programme et cela avait l'air de le contrarier.
Bon trêve de plaisanterie, il est temps de faire quelque chose et s’ensuit un enchaînement de coups de fils : JM appelle sa secrétaire à Chennai, qui appelle l’agence à Delhi, qui rappelle le chauffeur, qui rappelle son agence, qui rappelle la secrétaire, qui rappelle JM. Ceci plusieurs fois de suite et toujours en roulant vers je ne sais quelle destination. Au bout de vingt minutes, nous comprenons que l’affaire semble conclue, nous partons bien pour Jaipur avec "ce" chauffeur, pantalon blanc et veste noire, qui, une demi-heure avant, pensait nous déposer dans un hôtel de Delhi. 
Après un quart d’heure de route, nous stoppons au milieu du terre-plein juste avant le péage, et là, surgit de nulle part, un type patibulaire en mobylette qui s’arrête à notre niveau et glisse au chauffeur une liasse de billets…non ce n'est pas un deal même si ça en a tout l'air mais probablement l'argent pour ses faux-frais et sa brosse à dents. 
Entre-temps, il nous apprend que sa famille habite Jaipur. A la bonne heure ! d'ailleurs il va passer les premiers 100 kilomètres à rameuter toute la famille par téléphone. 


Delhi/ Jaipur : 300 km mais plus de 5 heures d'autoroute menés tambour battant par notre chauffeur, qui, après l'effet de surprise et probablement galvanisé par l'idée de revoir sa famille, a repris du poil de la bête. Il slalome au milieu des files discontinues de camions en klaxonnant à peu près toutes les 10 secondes, lache le volant pour téléphoner et passer les vitesses, évite quand même les mobylettes et voitures roulant à contre-sens car les indiens vont au plus court pour rejoindre une sortie. 
Arrivés à Jaipur, nous le haïssons... et nous adorons le gri-gri porte-bonheur pour sa protection. Nous nous arrêtons dans une rue, son petit frère est là... présentation rapide et nous repartons pour l'hôtel. 


Jaipur, la porte du Rajasthan, pays des maharadjas et plongée dans la cour des miracles ! Expérience fascinante, fatigante voire souvent insupportable. Vacarme assourdissant, foule colorée, foule omniprésente, foule suffocante et étouffante, enchevêtrement de circulations à pied, à vélo, en mobylette, en pousse-pousse, en charrettes à chevaux, à chameaux, en rickshaws, en voiture..., mains qui se tendent pour réclamer, supplier ou pour vendre.. Ville incroyable, hors du temps, le spectacle de la rue est permanent.

  
Notre chauffeur, sensé nous servir un tant soit peu de guide, est inexpérimenté et incompétent. A chacune de nos demandes, il appelle le petit frère qui surgit à tous les coins de rue si rapidement que nous pensons : soit il nous suit à la trace avec son rickshaw, soit nous avons à faire à des jumeaux, voire des quintuplés. 
Après avoir essayé de nous emmener dans un magasin hyper glauque dont les tenanciers avaient plutôt l'air de faire partie de la mafia que d'être de paisibles commerçants... nous classons notre chauffeur dans la catégorie "nul et non avenu" et décidons de ne compter que sur nous-mêmes. Pas facile de circuler parmi les vendeurs des bazars, les mendiants, tout le monde a quelque chose à vous vendre ou à mendier. Nous avions beau les ignorer, ils sont plus tenaces que nous. Touristes = argent à récupérer et touristes sans accompagnateur indien : gogo à plumer !

Au passage, Mac-do sévit également à Jaipur !




Dans les rues de Jaipur :






























Amber Fort, en repartant de Jaipur, magnifique et hors du temps :









 


Prochain billet, la suite avec Agra et le Taj Mahal... et peut-être les vidéos !

7 commentaires:

  1. j'adore ! C'est magnifique! Bravo pour ton style , on s'y croirait ... sans les inconvénients!Et merci pour cette liste de synonymes... plus besoin d'un dico , je vais sur le blog de Christine!!!! Bisous et meilleurs voeux pour cette nouvelle année .Val

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  2. merci Valérie... encore bonne année

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  3. J'adore le premier paragraphe qui décrit si bien cette Incredible India ! ;-)
    Très bonne année à toi aussi.
    Bravo pour ce récit et merci pour les photos qui me permettent de me replonger dans l'ambiance de Jaipur où nous sommes allés en février dernier.

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  4. ça y est ! premier commentaire sur votre blog que j'ai lu en entier (mais pas en une seule fois)...
    je suis heureuse d'avoir cet avant-gout... nous devons nous aussi nous expatrier pour l'Inde (Chennai) cet été, pour trois ans, et en cherchant des infos j'ai eu le bonheur de tomber sur votre blog. Bravo, continuez ainsi (et moi je continuerais de vous lire)

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  5. Hello Patraque,l'ambiance de Jaipur est vraiment étonnante... on est bousculé dans tous les sens du terme !

    Hello Yen, bienvenue en Inde, nous nous verrons cet été... si vous avez besoin d'infos, n'hésitez pas...

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  6. Christine, as-tu goûté au menu Maharaja du McDo ? Même là, ils arrivent à ce que ça soit épicé ! ;-)
    Je réalise qu'un couple de cousins (Pauline et François B.) est aussi installé à Chennai. Peut-être les as-tu croisés ?

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  7. Non, je n'y ai pas goûté... mais ça ne m'étonne pas qu'il soit épicé ! Pour rencontrer les français facilement, il n'y a que l'école américaine et je n'y vais pas souvent... Mais Pauline B., ça me dit qq chose, j'ai du la rencontrer une seule fois à l'école... A bientôt

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